Emma Raducanu : Une étoile filante sous pression, le pari de la résilience
Quand Emma Raducanu a remporté l’US Open 2021, la planète tennis est restée sans voix. Un parcours de rêve, un exploit monumental : éliminer toutes ces têtes de série et s’adjuger son premier Grand Chelem… à 18 ans. Depuis, la jeune Britannique est devenue une figure incontournable du sport, une star, mais aussi une cible. Les projecteurs, brillants et aveuglants, l’ont suivie partout. Le revers de la médaille d’une victoire fulgurante. Mais après deux ans à lutter contre les attentes, Raducanu est-elle prête à relever le défi de la constance ? Et plus particulièrement, face à une adversaire aussi redoutable qu’Aryna Sabalenka ?
Alizé Cornet, consultante pour beIN Sports, est revenue sur l’évolution de la Britannique et sur ce duel à venir à Wimbledon. Et si l’enjeu semblait simple pour la plupart des spectateurs, pour Raducanu, chaque match est devenu une bataille pour se réinventer.
La gloire, mais à quel prix ?
On dit souvent que la gloire ne dure qu’un temps. Mais dans le tennis moderne, elle se fait aussi un peu plus bruyante et dévorante. C’est exactement ce qu’a vécu Emma Raducanu après sa victoire en 2021. À peine sortie de l’anonymat, l’Anglaise a dû gérer une pression médiatique insupportable. “Quand tu gagnes un Grand Chelem à 18 ans, ça te met sous une lumière que peu de joueurs connaissent”, explique Alizé Cornet, qui a elle-même navigué dans ce monde où chaque victoire, chaque défaite, chaque sourire devient une analyse. Raducanu a beau briller par son talent, la fascination qu’elle suscite est parfois devenue son fardeau.
Cornet souligne aussi un élément souvent ignoré : “Gagner, c’est une chose, mais être une figure publique, une icône, ça en est une autre.” Et c’est là que le piège se referme : une victoire, oui, mais avec un regard toujours braqué sur elle, sur sa vie privée, ses choix, ses moindres gestes. “Et n’oublions pas qu’elle est jolie, elle a ce côté ‘modèle’ qui amplifie encore la pression”, ajoute la Française, sans détour.
Un mental à toute épreuve
Pourtant, derrière l’apparente fragilité de Raducanu, il y a une détermination farouche. Si elle a été sous les feux des projecteurs, elle a aussi montré qu’elle savait y faire face. “Elle a appris à prendre du recul. Elle a su gérer tout ça de manière assez mature”, note Cornet. La résilience de la jeune joueuse, sa capacité à rester concentrée sur son jeu malgré les tumultes extérieurs, est devenue son principal atout.
Pour la consultante, Raducanu a appris à se recentrer. “Quand elle joue, ce qui compte, c’est ce qu’elle fait sur le terrain. C’est là qu’elle veut qu’on la voie.” Et cela fait écho à une vérité : au-delà du battage médiatique, ce qui distingue les champions, c’est leur aptitude à s’adapter, à filtrer les distractions et à ne garder que l’essentiel. À Wimbledon, la jeune Britannique semble plus apaisée, moins perturbée par le bruit extérieur. C’est cette version d’Emma Raducanu qu’on commence à voir.
Un duel décisif face à Sabalenka
Et maintenant, un nouveau défi se dresse devant elle : Aryna Sabalenka. À 22 ans, Raducanu n’est plus la même que celle qui a ébloui le monde avec son titre à New York. Mais le chemin reste semé d’embûches. La pression de la réussite, des attentes, de la comparaison incessante avec sa victoire unique, tout ça crée une pression qui peut vite se transformer en une montagne à franchir.
“Si elle parvient à battre Sabalenka, ce serait un signal fort”, assure Cornet. Une victoire contre la numéro 2 mondiale ne serait pas seulement un exploit sportif, mais une victoire psychologique. Un moyen de dire au monde entier que Raducanu n’est pas qu’un feu de paille, qu’elle peut évoluer au plus haut niveau. Mais plus encore, ce match pourrait être une étape décisive dans son développement personnel. Face à Sabalenka, Raducanu ne doit pas seulement affronter une adversaire, elle doit affronter ses propres démons, ce besoin d’être parfaite, d’être à la hauteur des attentes qui pèsent sur elle.
Le parcours qui façonne la légende
Alizé Cornet, en observatrice avertie, sait que Raducanu a encore du chemin à parcourir. “Elle a l’attitude, la mentalité pour aller loin, mais elle doit encore apprendre à apprivoiser cette pression constante”, confie-t-elle. Car à ce niveau-là, c’est autant un combat mental que physique. Raducanu, pour s’imposer durablement, devra non seulement peaufiner son jeu, mais surtout, maîtriser l’art de l’équilibre entre sa vie publique et ses ambitions personnelles.
Wimbledon 2023 pourrait bien être le début d’une nouvelle ère pour la jeune star britannique. Elle a déjà prouvé qu’elle savait se relever après chaque épreuve, mais face à Sabalenka, ce sera un test de plus. Le genre de test qu’un futur champion doit réussir. La route est encore longue, mais Raducanu semble prête à la parcourir.
Crédit photo : 7Sport
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