Les Royals promeuvent le vétéran Rich Hill pour affronter les Cubs
À 45 ans, Rich Hill va remonter sur un monticule de MLB. Oui, vous avez bien lu. Quarante-cinq ans, un genou qui grince peut-être un peu le matin, mais toujours cette balle courbe filandreuse et ce feu sacré qu’on croyait réservé aux jeunes loups. Mardi soir, c’est lui qui débutera pour les Royals face aux Cubs, au cœur du Wrigley Field, ce théâtre de briques et de lierre. Il devient, par la même occasion, le joueur actif le plus âgé de la ligue.
Un come-back ? Pas tout à fait. Hill n’est jamais vraiment parti. Il était planqué du côté de Triple-A Omaha, à enchaîner les départs discrets (4 victoires, 4 défaites, 5.36 d’ERA), comme un vétéran en salle d’attente. Jusqu’à ce que Kansas City décide de rappeler le vieux briscard pour affronter Chicago. Pas un pari fou. Un pari réfléchi. Car Rich Hill, c’est du vécu. De l’usure classe. De la roublardise sur pattes.
L’éternel gaucher, toujours en vie
Rich Hill n’est pas juste un vétéran. C’est un survivant de l’ère Barry Bonds. Un type qui a pitché pour dix franchises différentes, dont les Red Sox, les Dodgers, les Yankees… et même les Cubs, il y a une éternité. Un mec qui a connu les World Series, les blessures, les retours, les trade deadlines et les contrats à court terme. Un vétéran à l’ancienne, de ceux qui sentent la résine et le chewing-gum.
Quand il monte sur la butte, ce n’est pas pour envoyer du 97 mph. C’est pour vous casser le timing. Pour vous faire douter. Sa balle courbe est une carte postale vintage, quelque part entre le chef-d’œuvre et le mirage. Les jeunes frappeurs, élevés à la vitesse pure, n’aiment pas ce genre de puzzle. Et c’est justement ce que les Royals recherchent : un déséquilibre, une surprise, un peu d’expérience dans une rotation en chantier.
Il a vu l’automne, en octobre
Parler de Rich Hill sans évoquer les séries, c’est oublier un chapitre clé. Avec les Dodgers entre 2016 et 2019, il a empilé 11 départs en postseason, dont trois en World Series. Son bilan avec LA ? 30 victoires pour 16 défaites, une ERA de 3.16, et surtout une régularité clinique dans les moments qui comptent.
Hill ne lance pas pour les stats. Il lance pour le moment. Pour le duel. Pour cette sensation unique de voir un batteur frustré après avoir mordu à une courbe à 72 mph en pleine zone. Il ne fait plus peur. Il embrouille. Et c’est peut-être pire.
Un retour qui en dit long
Ce call-up, ce n’est pas juste une anecdote pour la case “insolite” d’un résumé MLB. C’est un vrai signal. Les Royals vont mal, leur rotation est en vrac, et ils ont besoin de stabilité. Même si elle vient dans un corps de 45 piges. Hill n’est pas là pour jeter des flammes. Il est là pour poser un cadre, montrer l’exemple, offrir un répit au bullpen.
La saison dernière, il a encore lancé en MLB, sous le maillot des Red Sox. Ce n’est pas un mirage ou un come-back de salon. C’est une continuité. Rich Hill n’a jamais raccroché. Il a juste baissé le volume.
Les Cubs prévenus
En face, les Cubs savent qu’ils ne devront pas se fier à l’âge du capitaine. Car Hill, même sans la vélocité d’un rookie, reste l’un des cerveaux les plus malins du circuit. Il lit les swings comme d’autres lisent un roman policier. Il sait quand forcer, quand lâcher, quand étirer. Les frappeurs de Chicago feraient bien de ne pas le sous-estimer. Parce que Hill, c’est du poison lent. Du genre à vous sortir de votre zone de confort sans hausser le ton.
Et au fond, n’est-ce pas ce qu’on aime dans le baseball ? Ces petites histoires d’hommes plus grands que le jeu, pas parce qu’ils dominent, mais parce qu’ils durent. Parce qu’ils refusent de s’effacer.
Ce mardi à Chicago, le monde du sport aura les yeux rivés sur un homme qui, à l’âge où d’autres regardent les matchs depuis un canapé en chaussettes, continue à les jouer. Pas comme une star. Pas comme une légende. Mais comme un artisan du jeu. Rich Hill n’a rien à prouver, sauf qu’il est encore là. Et ça, c’est déjà un exploit.
Crédit : AP Photo/Paul Sancya, File
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