Un swing, un silence glacé, et le Bronx qui rugit
La balle a à peine quitté la batte que tout le monde savait. Un son sec, pur, presque violent. Le genre de son qui résonne longtemps dans les oreilles et encore plus dans les têtes. Ben Rice venait d’envoyer un message, une claque dans la face du momentum torontois, une bouffée d’air dans les poumons des Yankees.
Sur le premier lancer de Jeff Hoffman, une balle qui n’aurait jamais dû traîner là, Rice a dégainé. Centre droit, pas de doute, pas de suspense. Le jardin s’est levé comme un seul homme pendant que les Blue Jays retombaient sur terre, leur série de 11 victoires à domicile explosée en mille morceaux. Score final : 5-4 pour New York, qui recolle à trois longueurs dans la course à l’Est.
C’était le genre de moment qui fait la saison. Et peut-être même un peu plus.
Un rookie au cœur gros comme le Bronx
Ben Rice, ce n’est pas le nom qui fait flipper les scouts. Pas encore. Mais ce soir-là, sous les projecteurs du Rogers Centre, il a montré qu’il avait la trempe. Pas la trempe de ceux qui frappent fort. La trempe de ceux qui frappent juste, au bon moment, sans trembler.
Avant son coup de canon en neuvième, c’était Jazz Chisholm Jr. qui avait chauffé la plaque. Un coup de circuit de trois points qui avait redonné vie aux siens alors que le match semblait pencher côté Toronto. Mais c’est Rice qui a fermé le rideau, dans un silence aussi brutal qu’inattendu pour les fans canadiens.
Toronto encaisse, New York insiste
Côté Blue Jays, la défaite fait mal. Très mal. Pas seulement parce qu’elle casse la dynamique infernale à domicile, mais parce qu’elle révèle des fissures. Le bullpen a craqué. Jeff Hoffman, pourtant solide cette saison, s’est fait punir dès le premier pitch de sa sortie. Et cette avance dans la division qui paraissait confortable il y a encore quelques jours, commence à rétrécir à vue d’œil.
Addison Barger, pourtant bon face aux Nationals avec deux simples décisifs, n’a pas pesé lourd dans ce duel. Même chose pour Bo Bichette, discret. Toronto avait la main, et l’a laissé filer.
Un match qui pèse lourd
Ce n’est pas juste une victoire de plus pour les Yankees. C’est une déclaration. Le genre de victoire qui soude un vestiaire, qui relance une dynamique, qui met une pression insidieuse sur l’adversaire. L’ambiance post-match dans les couloirs new-yorkais ne mentait pas : sourires, tapes dans le dos, regards qui veulent dire “on est encore là”.
Aaron Boone, le manager, l’a dit sans détour : “Ce genre de victoire, ça vous marque. Ce gamin (Rice) est spécial.” Et quand Boone lâche un compliment, ce n’est jamais à la légère.
Et maintenant ?
Les Yankees savent que rien n’est joué. La saison est encore longue, les séries encore loin. Mais cette victoire, dans ce contexte, contre cette équipe, avec ce scénario, elle compte double. Elle offre une respiration dans un calendrier serré, une bouffée d’espoir pour un public qui n’attend qu’une chose : vibrer jusqu’en octobre.
Ben Rice, lui, ne s’est pas attardé. Quelques interviews, un sourire modeste, et déjà les yeux rivés sur le prochain match. Il a peut-être frappé le coup le plus important de sa jeune carrière, mais dans sa tête, ce n’était qu’un swing parmi d’autres.
Crédit photo : Vincent Carchietta-USA TODAY Sports
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