De l’exil aux espoirs déçus
Dix ans loin des projecteurs, mais toujours prompt à secouer les institutions. Lalit Modi, architecte controversé mais visionnaire de l’Indian Premier League, s’est confié récemment sur un projet avorté : révolutionner le football indien comme il l’a fait pour le cricket. Aujourd’hui installé à Saint-Christophe-et-Niévès, l’homme qui a redéfini le sport spectacle en Inde confesse sa frustration : “Le football est une déception totale.”
Un IPL version football ? Bloqué à la douane
Le plan était simple, du moins sur le papier : calquer l’ADN de l’IPL – argent, star system, franchises privées – sur le ballon rond. “Nous avions tout préparé”, dit-il. Mais entre l’opacité des fédérations et l’inertie bureaucratique chronique, l’idée n’a jamais décollé. À en croire Modi, la machine administrative indienne a asphyxié toute velléité de rupture. “Chaque fois qu’un changement est proposé, les intérêts politiques prennent le dessus.”
Modèle IPL : glamour, argent, jeunesse
Pour Modi, le football indien n’a aucune chance s’il reste englué dans ses logiques locales. Sa solution ? Un choc électrique : attirer des joueurs étrangers en activité – pas des retraités en fin de parcours – et injecter du capital privé pour séduire une nouvelle génération de fans. Il refuse catégoriquement les demi-mesures : “Les ligues molles, sans star ni business model, n’intéressent personne. Il faut oser.”
Un système sportif à deux vitesses
Le contraste est cruel. D’un côté, le cricket, dopé par le succès économique de l’IPL et devenu produit d’exportation mondiale. De l’autre, le football, confiné à des stades à moitié vides, à une ligue hybride et à une visibilité marginale. Modi enrage : “L’Inde a la jeunesse, le public et la passion. Mais sans ambition ni vision, ça ne vaut rien.”
Un potentiel en friche
Lalit Modi n’est pas le premier à croire que l’Inde pourrait devenir une puissance émergente du football mondial. Mais il est l’un des rares à parler en businessman. Pour lui, la balle n’est plus seulement sur le terrain : elle est dans les mains des décideurs, des investisseurs et des communicants. “Il suffit d’un cadre clair, d’une volonté forte et d’un peu de courage.”
Un dernier avertissement
Alors que le cricket continue de cannibaliser l’espace médiatique et commercial, le football en Inde semble condamné à rester un géant endormi. Le message de Modi est simple et brutal : sans rupture, pas d’avenir. Son propre rêve est resté lettre morte. Mais son diagnostic, lui, résonne comme un avertissement pour les générations futures.
Crédit photo : Soccer News
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