Le calme autrichien dans une franchise en mutation
Toronto ne sait plus très bien où elle va, mais elle sait au moins avec qui elle veut y aller. Jakob Poeltl, le pivot autrichien au jeu sobre et à la barbe de prof de maths, est là pour durer. Quatre ans, 104 millions de dollars. Et zéro doute dans le regard du staff des Raptors au moment de signer le chèque. Dans une équipe qui tangue, lui reste droit comme une tour d’ivoire.
Dans un effectif en perpétuel chantier, où l’incertitude règne à tous les étages, Poeltl représente ce qu’aucun autre ne semble garantir : une forme de constance. Un pivot old school à l’ancienne, pas flashy, mais indispensable. Sur 57 matchs la saison dernière, c’était 14,5 points, 9,6 rebonds, 2,8 caviars, plus d’un contre et d’une interception par match. Solide, propre, efficace. Le genre de mec que t’oublies dans un highlight reel… jusqu’à ce que t’aies besoin d’un vrai stop ou d’un rebond clutch.
Poeltl, pilier d’un frontcourt déserté
La raquette des Raptors, c’est un peu un western. Tu t’attends à voir rouler un tumbleweed sous le panier quand Poeltl n’est pas là. Derrière lui ? Pas grand-chose. Un rookie au CV vierge, quelques expérimentations à la sauce small ball, et beaucoup d’espoirs qui ne défendent pas. Autant dire que le costume de patron, il ne va pas le partager.
Doug Grange, insider bien branché sur le beat de Toronto, évoque l’idée d’un agent libre capable d’apporter du tir et un peu de punch offensif en sortie de banc. Mais en attendant, c’est Poeltl ou rien. Et vu la direction prise par le front office cet été, il va falloir que le grand Autrichien sorte sa meilleure saison en carrière pour tenir le navire à flot.
Un vent de jeunesse… ou un coup de poker ?
À seulement 19 ans, le 57e choix de la dernière draft intrigue. À défaut d’exploser, il a fait lever quelques sourcils à la Summer League. C’est brut, c’est tendre, mais ça bosse. Et ça pourrait gratter quelques minutes si le staff décide de jeter les rookies dans le grand bain. C’est maigre pour un frontcourt NBA, mais les Raptors n’ont jamais eu peur de lancer les jeunes dans le feu. Surtout quand la saison sent la reconstruction à plein nez.
Masai Ujiri, clap de fin et nuages au sommet
Le départ de Masai Ujiri, c’est plus qu’un changement de nom sur une porte de bureau. C’est un séisme silencieux. Le cerveau de la conquête 2019 a quitté le navire, et c’est tout l’organigramme qui tremble. Poeltl lui-même l’a reconnu : en pleine renégociation, le timing était étrange. « Évidemment, ça a soulevé des questions. Mais au final, ça n’a rien changé », a-t-il dit. Traduction : je suis resté, mais pas serein à 100 % non plus.
En interne, c’est la valse des incertitudes. Le président est parti, le propriétaire cherche du sang neuf, les noms circulent, les têtes tournent. Une source anonyme, citée par Josh Lewenberg, résume l’ambiance : « Tout le monde a peur. Plus t’es proche du sommet, plus tu flippes. » Bienvenue dans les coulisses d’une franchise qui cherche un nouveau visage… sans savoir lequel elle veut montrer.
Bobby Webster : héritier naturel ou solution par défaut ?
Le GM actuel, Bobby Webster, est le candidat naturel. Fidèle lieutenant d’Ujiri, il connaît les dossiers, les agents, les joueurs. Mais le board de MLSE veut visiblement tourner la page. CAA Executive Search a été mandaté pour proposer des profils extérieurs. Traduction : on explore toutes les options, même celles qui fâchent.
Et au milieu de cette grande lessive organisationnelle, une info à ne pas rater : le deal Brandon Ingram, c’était Masai. C’est lui qui a mis les mains dans le cambouis pour aller chercher l’All-Star. Maintenant qu’il est parti, Ingram est-il encore dans les plans ? Va-t-il être la figure de proue du nouveau cycle… ou le prochain à faire ses valises ?
Toronto, le chantier permanent
Les Raptors sont dans un entre-deux inconfortable. Ni assez armés pour viser haut, ni suffisamment démantelés pour tanker franchement. Et dans ce flou artistique, Jakob Poeltl fait office d’ancrage. Solide, rassurant, pas spectaculaire mais indispensable. Il n’est pas là pour vendre des maillots, mais pour tenir la baraque pendant que les étages se reconstruisent.
Il incarne ce Toronto version 2025 : en transition, un peu paumé, mais pas résigné. Et tant qu’il y aura un rebond à aller chercher ou un écran à poser, le géant autrichien répondra présent. Pendant que le reste du château vacille, lui garde les pieds bien plantés dans la peinture.
Et franchement, c’est peut-être tout ce dont les Raptors ont besoin en ce moment.
Crédit photo : AP Photo/Matt Rourke
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