Deux chemins, une même question : jusqu’où peut-on aller quand le corps ne suit plus ?
Wimbledon entre dans sa zone rouge. Les quarts de finale pointent le bout de leur gazon, et les noms ronflent comme un top 10 Spotify : Jannik Sinner, Novak Djokovic, Carlos Alcaraz, les gros bras sont là. Mais dans cette guerre de nerfs qui se joue raquette à la main, certains arrivent déjà avec les bandages bien serrés. Et pas seulement au sens figuré.
Pour Sinner, une victoire sans gloire mais pas sans enseignement
Il y a des qualifs qui laissent un goût amer. Celle de Jannik Sinner en fait partie. Face à un Grigor Dimitrov élégant, inspiré, presque virevoltant, l’Italien a vacillé. Breaké tôt, malmené en fond de court, il a passé une bonne heure à courir derrière l’ombre de son propre jeu. Puis, la tuile. Pas pour lui. Pour Dimitrov. Un pépin au pectoral, soudain, brutal, et rideau. Le Bulgare s’écroule, Sinner passe, l’air interdit.
« C’est toujours difficile de gagner comme ça », a lâché Sinner. Pas de célébration. Pas de poing serré. Juste une mine grave et des déclarations sobres, lucides. Il le sait : ce match ne ressemble à rien. Il n’a pas été bon. Son service flottait, son coup droit grinçait, et dans une autre réalité, il serait sans doute déjà sur un vol retour vers San Candido.
Mais la vérité du tableau est là : il est en quart. Et au bout de ce quart, une potentielle demie contre Alcaraz. Encore faut-il hausser le ton. Vite.
Djokovic : l’incertitude comme compagnon de route
Côté Djokovic, c’est une autre histoire, mais le même sentiment de fragilité. Le septuple vainqueur à Londres s’est hissé en quart sans trop trembler au score. Mais en coulisses, l’alerte est réelle. En plein match, il s’est figé, a grimacé, a demandé le kiné. Diagnostic ? Gêne au coude. Pas anodin, quand on connaît la mécanique chirurgicale de son bras droit.
« Je vais surveiller ça de très près », a-t-il glissé en conférence. En langage Djokovic, ça veut dire : je serre les dents, mais je ne suis pas serein. Car Novak ne parle jamais pour rien dire, et surtout pas de son corps. À 37 ans, chaque centimètre de tendon compte. Et à ce niveau-là, un coude qui fait des siennes, c’est un avertissement. Pas encore rouge, mais bien orange foncé.
Un quart chacun, mais pas d’assurance tous risques
Le contraste est saisissant. Sinner, 22 ans, la fleur au fusil, mais des doutes plein les baskets. Djokovic, 37, l’armure fêlée, mais encore capable de gagner sur une jambe. Entre les deux, deux générations, deux trajectoires, mais un point commun : personne n’est à 100 %. Et dans ce Wimbledon de plus en plus dense, ça pourrait faire toute la différence.
La suite ? Sinner affrontera un joueur plus solide que le fantôme de Dimitrov. Et il devra montrer autre chose que ce tennis en mode économie d’énergie. Djokovic, lui, affrontera le terrain, le public, le tableau… et son propre coude. Et s’il y a bien un homme qu’on ne peut jamais enterrer avant l’heure, c’est Novak.
Un Wimbledon sous tension
Le tournoi entre dans sa dernière ligne droite. Chaque échange compte. Chaque soin médical aussi. Et à ce jeu-là, le gazon londonien devient presque cruel : il ne pardonne rien, ni les erreurs tactiques, ni les limites physiques. Sinner et Djokovic le savent. Le public le sent. Et c’est peut-être ça qui rend ce Wimbledon si fascinant : on ne sait pas qui va tomber le prochain, mais on sait que ça va être brutal.
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