Royal Portrush, théâtre d’un nouvel Open : le golf en quête de légende
Cette semaine, le monde du golf retient son souffle. Pour la troisième fois seulement de son histoire, l’Open Championship fait escale à Royal Portrush, en Irlande du Nord. Une destination rare, mythique, où les éléments dictent leur loi et où les plus grands noms viennent défier la tradition.
Cinq ans après la victoire historique de Shane Lowry sur ce même parcours balayé par les vents, l’édition 2025 s’annonce comme un rendez-vous majeur pour les amoureux de links, de suspense, et de récits gravés dans le sable et les dunes. Entre revanche personnelle, quête de doublé et passage de flambeau, l’Open s’apprête à écrire un nouveau chapitre.
Un parfum de revanche et de légende
Il avance à grands pas, le regard déterminé, club en main comme un sceptre invisible. Xander Schauffele n’a pas l’habitude de regarder en arrière. Pourtant, c’est bien l’histoire qu’il traque, les yeux rivés sur un doublé qui le placerait aux côtés des très rares élus. Royal Liverpool l’a vu triompher en 2024. Portrush pourrait le sacrer à nouveau. Et pas simplement champion, mais icône.
Mais ici, en terre nord-irlandaise, un autre nom fait vibrer les tribunes. Rory McIlroy. Le fils prodigue. Celui qui, en 2019, avait vu son rêve local s’effondrer dès le jeudi. Un triple bogey pour commencer. Un cut manqué à la maison. Et des larmes, derrière les lunettes noires. Cette fois, l’histoire pourrait tourner à son avantage. McIlroy arrive en conquérant, armé d’un Masters dans la poche et d’une envie brûlante de marquer le temps. Un doublé Masters-Open que seul Tiger Woods a réussi depuis des décennies. Le genre d’héritage qu’on ne partage pas souvent.
Et puis il y a Lowry. Shane. Le costaud au swing doux, qui avait conquis les cœurs et l’Open en 2019. L’Irlandais revient sur ses terres de gloire avec 50 tournois majeurs au compteur et un sourire qui en dit long. Mais le golf ne vit pas dans le passé. Ici, on ne rejoue rien. On recommence, à zéro, sur des greens capricieux et des fairways qui punissent l’excès de confiance.
Un parcours, des tempêtes et des hommes
Royal Portrush, c’est d’abord un choc visuel. Des dunes sauvages, des bunkers comme des tranchées, des roughs plus épais qu’une haie de rugby. Et ce vent. Toujours présent, jamais prévisible. Capable de transformer un drive parfait en cauchemar en l’espace d’un souffle.
Les joueurs le savent. Ici, le combat est autant mental que technique. Tu veux scorer bas ? Il va falloir jouer serré, être patient, humble. Un links comme celui-là ne se dompte pas, il s’apprivoise. Et il te testera jusqu’au bout. Sur chaque mise en jeu, sur chaque putt de deux mètres. Pas de cadeau. Juste la vérité.
Portrush, c’est aussi une page d’histoire du golf. Max Faulkner y avait triomphé en 1951, bousculant l’ordre établi. Lowry y a fait vibrer l’Irlande en 2019. Et en 2025 ? Qui écrira la suite ? Ludvig Åberg, le prodige suédois, peut-il imposer son calme glacial sur la tempête irlandaise ? Min Woo Lee, artiste du swing, a-t-il les nerfs pour résister au vent ? Ou bien assistera-t-on au grand retour d’un vétéran oublié, façon renaissance hollywoodienne ? Tout est possible sur ce bout de terre rude et sublime.
Une décennie sans playoffs, un suspense attendu
Dix ans. C’est long, surtout quand on parle de l’Open. Dix éditions sans playoff. Sans ce moment suspendu où chaque coup devient une pièce lancée en l’air. Et si 2025 était le moment ? Si cette édition basculait dans un final à couper le souffle, au soleil couchant, avec les mouettes en fond sonore et des milliers de spectateurs retenant leur souffle ?
Le casting est là. Des stars affûtées, des jeunes affamés, des vétérans affranchis de la peur. Le décor aussi. Royal Portrush ne pardonne rien, mais récompense l’audace. Et la météo promet de jouer son rôle, entre éclaircies trompeuses et rafales assassines. Tout est réuni pour un climax digne d’un film de Scorsese. Avec des clubs au lieu des revolvers.
Un rendez-vous avec l’histoire
Quand Royal Portrush accueille l’Open, ce n’est pas juste un tournoi. C’est une messe. Une cérémonie païenne où l’on célèbre la lutte entre l’homme et les éléments. Où chaque jour offre son lot de drames et de miracles. Ce n’est pas tous les ans. C’est ce qui rend ce moment si précieux.
Dans un monde du golf tiraillé entre traditions séculaires et nouvelles dynamiques, Portrush incarne un retour aux sources. Un rappel brutal que ce sport, à la base, c’est ça : affronter la nature, se battre contre soi-même, et peut-être, un jour, toucher l’éternité du bout des doigts.
Alors que les clubs sont affûtés et les regards braqués sur le premier tee, une chose est sûre : cette semaine, Royal Portrush ne couronnera pas seulement un vainqueur. Il révélera un caractère, un destin, une légende.
Crédit photo : Carlos Amoedo
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