Le roi de la nuit qui parle aux machines
Il y a des joueurs qui profitent du All-Star Game pour lever le pied. Cal Raleigh, lui, a décidé de faire exactement l’inverse. Moins de 24 heures après avoir fait exploser les tribunes du Truist Park en remportant un Home Run Derby dantesque, le receveur des Mariners a remis ça. Cette fois, pas avec sa batte, mais avec son cerveau, son flair… et un petit coup de pouce technologique.
Dès la première manche du match des étoiles, Raleigh a lancé le tout premier robot umpire challenge en plein match MLB. Un appel litigieux, une tape sur le casque, et le gant de fer de la machine a frappé : retrait sur prises confirmé pour Manny Machado. Bienvenue dans le futur, version baseball.
Le jeu, la science et une prise à 89,5 mph
Tarik Skubal, le gaucher de Detroit, n’avait pas franchement besoin d’un scandale en pleine vitrine nationale. Il venait tout juste de se faire cogner un double à deux points par Ketel Marte, et venait de s’en sortir face à Freddie Freeman sur un retrait au sol pas très académique.
Puis est arrivé Machado. Compte de 2-2, pression maximale, ambiance électrique. Skubal balance une slider à 89,5 mph, pile sur la limite basse de la zone. L’arbitre Dan Iassogna annonce : “Balle basse !”
Pas pour Cal Raleigh.
Sans trembler, le catcher tape son casque. Micro dans l’oreille, regard froid. Sur le bord du dugout, ça s’agite. Et quelques secondes plus tard, le grand écran affiche la sentence électronique : strike. Retrait. Merci, bonsoir.
Dans l’abri de la Ligue Nationale, Dave Roberts étouffe un fou rire. Sur la retransmission FOX, les micros captent la réaction complice de Raleigh : “Je pense que c’était une prise”. Simple, net, technologique.
Un test grandeur nature pour l’avenir de la MLB
Ce moment n’est pas juste une anecdote de match des étoiles. C’est un aperçu du baseball de demain. L’ABS, ce système automatisé de balles et prises testé en ligues mineures depuis deux ans, était ici en version “défi” : trois possibilités de contester par équipe, avec animation sur écran géant et verdict instantané. Du vrai spectacle en 4K.
Le commissaire Rob Manfred, en déplacement à Atlanta, a confirmé que le comité de compétition se pencherait sur son adoption en saison régulière dès 2026. Et il en a remis une couche :
“Pouvoir corriger une mauvaise décision dans un moment crucial, sans casser le rythme du jeu, c’est une évolution qu’on doit prendre au sérieux.”
Mais tout le monde n’applaudit pas si vite.
Un demi-pouce qui fait débat
Côté syndicat, Tony Clark garde un sourcil levé. Le patron des joueurs n’est pas fan de la marge d’erreur annoncée du système jusqu’à un demi-pouce. À ce niveau, ça fait une sacrée différence entre un strike vicieux et une balle qui change un at-bat entier.
Et d’autres questions brûlent les lèvres : combien de défis faut-il autoriser ? Les joueurs doivent-ils les conserver s’ils ont raison ? Est-ce qu’on accepte une “zone tampon” autour de la zone de strike ?
Bref, le débat ne fait que commencer.
Cal Raleigh, MVP du futur ?
En attendant que la ligue tranche, Cal Raleigh, lui, a montré qu’il n’était pas juste un cogneur de balles perdues dans les étoiles. Il est aussi un capitaine du présent, capable de lire le jeu, de prendre le bon pari, et de faire confiance à la technologie pour faire respecter la justice du rectangle invisible.
Un héros d’un nouveau genre, avec un casque sur les oreilles et une connexion directe avec l’IA.
Et franchement, dans un match des étoiles qui cherche souvent son sens entre festivité et exhibition, ce petit moment, quand un catcher fait appel à la machine pour corriger un humain, avait quelque chose d’inoubliable.
Cal Raleigh, roi du Derby et ambassadeur du baseball version 2.0.
Crédit photo : Joe Nicholson-Imagn Images
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