Trump menace Washington : pas de “Redskins” : pas de stade
Un dimanche brûlant à Washington, et l’ancien président des États-Unis vient de remettre une pièce (en or massif) dans la machine. Donald J. Trump, micro en main, regards braqués sur lui, a lancé un ultimatum aussi tonitruant qu’improbable : si l’équipe de football de Washington ne reprend pas son ancien nom, les Redskins, il fera tout pour bloquer l’accord lié à leur futur stade.
“Pas de Redskins, pas de stade. C’est simple,” a-t-il martelé, lors d’une conférence de presse improvisée en marge d’un rassemblement conservateur. Fidèle à son style : provocateur, tranchant, taillé pour les gros titres, Trump a soufflé sur un vieux brasier qui n’attendait qu’une étincelle.
Un nom qui divise… encore
Les Redskins. Ce mot, gravé dans l’histoire du sport américain, est devenu au fil des ans un symbole de division culturelle. Abandonné en 2020 après des décennies de pression de la part des groupes de défense des droits des Amérindiens, ce nom a été rangé dans les archives avec fracas. Trop offensant. Trop daté. Trop chargé. L’équipe a évolué, changé de logo, changé de direction, tenté de redéfinir son identité.
Mais pour Trump et ses soutiens les plus fidèles, ce changement est une reddition. Un effacement de ce qu’ils considèrent comme un héritage. Et visiblement, il est prêt à utiliser l’arme nucléaire du financement public pour faire plier la franchise.
Des mots qui pèsent lourd
L’accord auquel il fait référence ? Le projet de construction du nouveau stade à Washington D.C., partiellement dépendant de l’État, du privé et d’un terrain fédéral à l’est de la ville. Un projet déjà complexe, embourbé dans les tractations politiques. Et désormais, Trump menace de le faire exploser si l’équipe ne “revient à la tradition”.
Les conséquences pourraient être colossales. Le stade actuel est vieillissant. Le nouveau devait être le symbole du renouveau d’une franchise qui peine à retrouver sa gloire passée. Or, avec ce coup de pression, le dossier devient une poudrière politique, où le football est devenu le prétexte à un combat de récits : tradition contre progrès, héritage contre inclusion.
Les réactions ne se font pas attendre
Du côté de la franchise, le communiqué a été sec, mais clair : pas question de faire marche arrière. “Notre nom actuel reflète les valeurs que nous défendons : respect, unité, inclusion. Nous avons pris cette décision après de longues discussions avec les communautés concernées.”
Du côté des fans ? Divisés. Comme toujours sur cette question. Certains crient victoire, voyant en Trump un défenseur du “vrai football américain”. D’autres dénoncent une instrumentalisation politique nauséabonde, où les identités sont brandies comme des armes.
“Trump ne comprend pas que ce nom a blessé des gens. Ce n’est pas une question de nostalgie, c’est une question de respect,” lâche Jordan, un supporter de 33 ans croisé à l’extérieur du stade. À quelques mètres de là, un autre fan agite fièrement un vieux maillot floqué “Redskins 1991” : “Ce nom fait partie de l’histoire. On n’efface pas l’histoire.”
Un jeu dangereux
Ce n’est pas la première fois que Trump utilise le sport comme terrain politique. On se souvient de ses joutes contre la NFL et Colin Kaepernick, ou encore ses invectives contre les joueurs de la NBA. Mais cette fois, il joue sur un terrain local, ultra-sensible, avec de vraies conséquences financières.
Et il le sait. Ce coup d’éclat, à neuf mois de la présidentielle, ressemble à une manœuvre calculée pour galvaniser sa base, en remettant au centre du débat une cause identitaire, culturellement explosive.
Et maintenant ?
La balle est dans le camp de la ville. De la franchise. Et, quelque part, du public. Car Trump le sait : une marque, c’est une émotion. Et dans un sport où les maillots se vendent autant que les touchdowns se célèbrent, l’identité d’un club est aussi politique qu’économique.
Le nom “Redskins” est-il mort pour de bon ? Ou sera-t-il ressuscité au forceps, porté par une vague réactionnaire décidée à reprendre “ce qu’on leur a volé” ?
Ce qui est sûr, c’est que le football à Washington ne sera plus jamais juste une affaire de yards et de touchdowns. C’est devenu un champ de bataille idéologique. Et Trump, une fois de plus, s’est invité au milieu du terrain.
Crédit photo : Kathryn Riley/Getty Images
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