Patrick Mouratoglou défend Jannik Sinner après son abandon à Shanghai
Le silence était pesant sur le court de Shanghai. Jannik Sinner, le visage crispé, tentait encore de se relever. Ses jambes ne répondaient plus. En face, Tallon Griekspoor jetait un regard incertain, partagé entre respect et incrédulité. Troisième tour du Masters 1000, et voilà que le numéro 4 mondial, symbole d’endurance et de constance, devait jeter l’éponge. Crampes. Épuisement total. Rideau.
Quelques minutes plus tard, Internet s’enflamme. Sur X, sur Reddit, dans les forums de fans, certains vont jusqu’à parler de simulation. Sérieusement ? Il n’en fallait pas plus pour que Patrick Mouratoglou sorte du bois. L’entraîneur français, connu pour ses analyses tranchées, a pris la parole sur LinkedIn avec une clarté déconcertante : ces accusations sont « ridicules ». Sinner, rappelle-t-il, n’est pas du genre à fuir la bataille. Il vit pour la compétition. Quand il entre sur un court, c’est pour aller au bout.
La fournaise de Shanghai
Ceux qui ont déjà mis un pied sur le court central de Shanghai savent : l’air y est lourd, collant, presque hostile. L’humidité est telle qu’on transpire avant même d’avoir frappé une balle. Mouratoglou, dans son post, évoque une « météo impitoyable ». Et il n’exagère pas. Les joueurs, déjà épuisés par une saison XXL, doivent composer avec des conditions qui poussent le corps à ses limites.
Sinner a tenu aussi longtemps qu’il a pu. Ses crampes, apparues brutalement, l’ont privé de toute mobilité. Impossible de continuer, même par orgueil. Pour un athlète de son niveau, abandonner, c’est une déchirure. Mais ce jour-là, le corps a dit non, sans préavis, sans discussion.
Pas un cas isolé
Et ce n’est pas qu’une histoire de Sinner. Taylor Fritz a vécu le même calvaire. Même Djokovic, machine à endurer les pires scénarios, a dû vomir sur le court, deux fois. C’est dire la violence des conditions. Shanghai, cette semaine-là, ressemblait plus à un test de survie qu’à un tournoi de tennis.
Ces scènes rappellent une vérité souvent oubliée : le tennis, c’est un marathon mental et physique. Derrière les échanges millimétrés et les amorties parfaites, il y a des corps en souffrance, des muscles en feu et des respirations saccadées. Ceux qui jugent depuis leur canapé ne mesurent pas toujours ce que ces joueurs encaissent au quotidien.
Le sérieux de Sinner, une évidence
Patrick Mouratoglou, lui, n’a aucun doute. Sinner, dit-il, est l’un des joueurs les plus rigoureux du circuit. Le genre à repousser ses limites à chaque entraînement, à ne jamais tricher avec l’effort. Imaginer qu’il ait pu « faire semblant », c’est une insulte pure et simple. Et c’est bien pour ça que la sortie du coach a tant résonné : elle rétablit un minimum de respect dans le débat.
Pour Sinner, ce n’est pas la première fois qu’il affronte la douleur. Depuis ses débuts, l’Italien s’est construit dans l’ombre, avec une exigence presque obsessionnelle. Ce n’est pas un joueur flashy, c’est un travailleur. Ceux qui le connaissent savent qu’il préfère perdre sur un court que d’abandonner par confort.
Préparation et réalité du haut niveau
Ce qui s’est passé à Shanghai relance un vieux débat : la préparation physique dans le tennis moderne. Les joueurs enchaînent les tournois, voyagent sur plusieurs fuseaux horaires, affrontent des températures extrêmes. L’organisme finit par saturer. Et quand ça craque, ça ne prévient pas.
Les staffs, désormais, travaillent comme des équipes de Formule 1 : nutrition, récupération, sommeil, tout est calibré. Mais même avec la meilleure préparation du monde, il y a des jours où le corps lâche. Et c’est humain. Mouratoglou le rappelle avec justesse : personne n’est à l’abri.
Une leçon d’humilité
Au fond, l’épisode de Shanghai n’est pas une tâche sur le CV de Jannik Sinner. C’est une piqûre de rappel : même les meilleurs peuvent plier. Le haut niveau n’est pas un monde d’invincibles, c’est une guerre de tous les instants.
En défendant le joueur, Mouratoglou n’a pas seulement protégé un champion. Il a mis des mots sur une réalité que beaucoup préfèrent ignorer. Le tennis, ce n’est pas que du talent. C’est de la sueur, de la douleur, et cette volonté de revenir, encore et encore.
Sinner reviendra, forcément. Avec la même intensité, la même rage tranquille. Shanghai restera comme un petit coup d’arrêt dans sa saison mais rien de très dramatique non plus.
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