Alexander Dolgopolov n’a jamais été du genre à mâcher ses mots. Sur un court, son tennis était imprévisible, fulgurant, parfois insaisissable. Sur les réseaux, son regard est tout aussi affûté. Depuis X, l’ancien 13e mondial a recentré le débat qui anime le tennis actuel : où se situe réellement la nouvelle génération face aux géants qui ont façonné deux décennies d’histoire ?
Hardly watch tennis these days, but how I see it compared to our age:
Sinner/Alcaraz best days probably equal to big 3, overall less solid than any of big 3.
Top 3-15 much weaker than our age.
15-50 about similar.
50-100 modern players are stronger than our age.
Peace🫡🇺🇦— Alex Dolgopolov (@TheDolgo) November 22, 2025
Sinner, Alcaraz et le poids des géants
Dolgopolov ne prétend plus analyser chaque tournoi au scalpel, mais il a suffisamment de vécu pour reconnaître un sommet de performance quand il en voit un. Selon lui, les meilleurs jours de Jannik Sinner et Carlos Alcaraz flirtent déjà avec ceux de Federer, Nadal et Djokovic. Rien que ça.
Mais l’Ukrainien pose immédiatement le bémol qui change tout : la constance. La vraie. Celle qui a transformé les Big 3 en montagnes infranchissables.
« Dans l’ensemble, ils sont moins cohérents que l’une des trois légendes. »
Une phrase simple, qui résonne comme une vérité froide. Car briller deux semaines, c’est du talent. Régner dix ans, c’est un autre métier.
Un top 15 qui s’effrite, un top 100 qui se renforce
L’autre angle soulevé par Dolgopolov, et pas le moins intéressant, se situe dans les coulisses du classement ATP. Il parle d’un top 3 à 15 largement en dessous de celui qu’il a connu. Moins d’armes, moins de variété, moins de densité. Un vide laissé par l’érosion progressive des monstres sacrés, que les jeunes n’ont pas encore comblé.
En revanche, il observe une montée en puissance inattendue plus bas dans la hiérarchie. Les joueurs du top 50 à 100 ?
« Plus habiles que ceux de notre époque. »
Un constat qui raconte un tennis plus large, plus profond, où l’accès au très haut niveau technique n’est plus réservé à une poignée de privilégiés mais à une centaine de prétendants prêts à surgir en deuxième semaine d’un Slam.
Une transition qui donne le tournis
La lecture de Dolgopolov ne se veut ni nostalgique ni agressive. Elle s’inscrit dans ce moment étrange où le tennis bascule sans avoir encore trouvé sa nouvelle colonne vertébrale. Les Big 3 ont repoussé si loin les frontières que leurs successeurs avancent dans une ombre immense, presque illogique.
Sinner et Alcaraz ont la fougue, l’audace, les pics vertigineux. Mais ont-ils cette régularité granitique, cette capacité à durer, à dominer, à imposer une ère ?
On ne le saura que sur la longueur. Et pour la première fois depuis longtemps, la longueur ne ressemble plus à une autoroute mais à un chemin de montagne, semé d’embûches et d’inconnus.
Un futur ouvert, imprévisible et passionnant
Ce que Dolgopolov met au jour, c’est finalement ce qui rend le tennis actuel aussi captivant : sa vulnérabilité. Plus personne n’est intouchable. Plus personne ne verrouille le circuit. Le sommet est plus accessible, mais aussi plus mouvant.
Les années qui viennent pourraient offrir ce que les années passées ne pouvaient plus offrir : de l’incertitude. De la bataille. Des surprises.
Et peut-être, un jour, la naissance d’un patron qui acceptera la comparaison avec les monstres d’hier.
En attendant, les analyses d’un ancien joueur qui a vu passer Federer, affronté Nadal et subi Djokovic ne sont jamais anodines. Elles sont un rappel. Le tennis change. Le tennis s’ouvre. Le tennis cherche son nouveau visage.



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