Karim Benzema, la porte entrouverte et le fantôme Deschamps
On croyait l’histoire classée, enterrée sous les sables du Qatar, entre blessures controversées et silences pesants. Et puis Karim Benzema, à 37 ans, remet le sujet sur la table avec la délicatesse d’un bulldozer : il n’écarte plus l’idée de revenir jouer en équipe de France pour la Coupe du monde 2026, et il le dit sans faire de détours. « Qui n’a pas envie de jouer une Coupe du monde ? Si on m’appelle, je viens », a lancé le Ballon d’Or 2022 dans un entretien pour L’Équipe qui fait trembler les lignes déjà fissurées du football tricolore.
Ça a l’air simple dit comme ça, presque évident. Sauf que dans le football français, rien n’est jamais simple, surtout quand les protagonistes ont une histoire qui ressemble moins à une querelle sportive qu’à un divorce mal cicatrisé.
🚨🚨💣 𝗕𝗥𝗘𝗔𝗞𝗜𝗡𝗚 ! 𝗞𝗔𝗥𝗜𝗠 𝗕𝗘𝗡𝗭𝗘𝗠𝗔 🇫🇷 𝗢𝗨𝗩𝗥𝗘 𝗟𝗔 𝗣𝗢𝗥𝗧𝗘 𝗔̀ 𝗨𝗡 𝗥𝗘𝗧𝗢𝗨𝗥 𝗘𝗡 𝗘́𝗤𝗨𝗜𝗣𝗘 𝗗𝗘 𝗙𝗥𝗔𝗡𝗖𝗘 𝗣𝗢𝗨𝗥 𝗟𝗔 𝗖𝗢𝗨𝗣𝗘 𝗗𝗨 𝗠𝗢𝗡𝗗𝗘 !!!! 😱😱😱
« Mais qui n’a pas envie de jouer la Coupe du monde ? 𝗧𝗢𝗨𝗧 𝗟𝗘 𝗠𝗢𝗡𝗗𝗘 𝗔… pic.twitter.com/UMC39FavRK
— BeFootball (@_BeFootball) December 11, 2025
Le passé qui colle aux crampons
La relation entre Benzema et Didier Deschamps, c’est un peu l’histoire d’une amitié qui s’est consumée sous les projecteurs. À la base, il y avait respect et promesses ; aujourd’hui, il reste une longue zone d’ombre. Benzema avait disparu des Bleus en 2015, dans la tempête de l’affaire de la sextape impliquant Mathieu Valbuena, une période où, à force de malaise, de méfiance et de controverses, la tension était montée jusqu’au point de rupture.
Trois ans plus tard, Benzema avait déjà laissé entendre qu’un retour était possible, mais il estimait que « tant que Deschamps sera là, je ne serai pas sélectionné », pointant du doigt cette dynamique personnelle qui semblait acter l’impossibilité d’un retour.
Et puis il y a eu Qatar 2022 : une sortie précipitée, un départ sous tension, des versions contradictoires entre joueurs et sélectionneur… et une ironie mordante de Benzema sur les réseaux, traitant indirectement Deschamps de “clown” ou de “menteur” à propos de certains récits officiels.
Un appel du pied à Deschamps, ou un message à la France ?
Quand Benzema parle aujourd’hui de Coupe du monde, ce n’est pas juste une déclaration de star vieillissante qui cherche à rallonger sa légende. C’est un coup de semonce à toute une institution. Il ne demande pas à être rappelé pour des applaudissements, ni pour un dernier tour de piste. Il parle football, objectifs, compétitions. « J’aime le foot et j’aime gagner », insiste-t-il dans cette interview, mettant clairement sur la table que s’il est convoqué, il répondra présent.
Ce qu’il ne dit pas, c’est la seule chose qui compte vraiment dans ce scénario : est-ce que Didier Deschamps, l’homme qui a construit une équipe de France autour d’un projet collectif solide, est prêt à tourner la page d’un passé aussi chargé ?
La porte est ouverte. Mais la poignée grince encore.
La balle dans le camp de DD
La réalité, crue et immuable, c’est que Deschamps a toujours eu le dernier mot sur les Bleus. Et jusqu’à présent, ce mot n’a jamais été un appel à Benzema. Les déclarations récentes n’ont fait que rappeler un divorce déjà consommé, même si les deux hommes ont eu des échanges à propos de l’avenir. Aujourd’hui, Benzema envoie un message clair : il serait prêt à revenir, pas pour la nostalgie, mais pour la compétition. Pas pour un come-back hollywoodien, mais pour jouer. Pas pour faire la une, mais pour marquer sur le terrain. Et même s’il botte en touche quand on lui parle de ce vieux contentieux, sa déclaration agit comme une petite explosion dans le paysage des Bleus.
Ce n’est pas seulement une question de sélection. C’est une question de symbole. Une légende qui dit à la France qu’il n’a jamais fermé la porte. Une fédération qui doit décider si elle veut rouvrir la serrure. Et surtout, un entraîneur qui tient peut-être encore la clé.
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