Le sommet comme point final
Le timing est brutal. Presque dérangeant. Carlos Alcaraz vient de boucler la meilleure saison de sa jeune carrière et, au moment où tout semble parfaitement aligné, il appuie sur pause. Mercredi, le n°1 mondial a annoncé la fin de sa collaboration avec Juan Carlos Ferrero. Sept ans d’histoire commune, des titres par poignées, une ascension fulgurante… et une séparation au sommet.
Dans un sport obsédé par la continuité, Alcaraz choisit la rupture. Froide, réfléchie, assumée.
Une saison parfaite… ou presque
2025 avait tout d’un rêve éveillé. Roland-Garros dans la poche. L’US Open en apothéose. Huit titres au total. Une place de numéro un mondial solidement verrouillée. Et, cerise sur le gâteau, une distinction ATP récompensant son équipe d’entraîneurs, symbole d’un projet aussi performant que cohérent.
Sur le papier, rien ne cloche. Mieux encore, tout crève l’écran.
Et pourtant.
Carlos Alcaraz a décidé que cette version-là avait atteint son point maximal. Que continuer aurait été prolonger une histoire déjà complète, au risque de tourner en rond. Une décision rare, presque contre-intuitive, dans un tennis moderne où l’on change plus souvent d’entraîneur après une crise que juste après un triomphe.
Ferrero, bien plus qu’un coach
Juan Carlos Ferrero n’était pas un simple entraîneur. Il était le fil rouge. L’ancien n°1 mondial a pris Alcaraz alors qu’il n’était qu’un gamin à la frappe dévastatrice et au sourire encore maladroit. Ensemble, ils ont tout construit. Le jeu. Le mental. La posture. Le champion.
Dans son message publié sur les réseaux sociaux, Alcaraz ne s’est pas caché derrière des formules creuses. Il a parlé avec le cœur, celui d’un joueur conscient de ce qu’il doit à l’homme qui l’a guidé.
« Merci d’avoir transformé mes rêves d’enfant en réalité », écrit-il. Une phrase simple, presque naïve, mais chargée de vérité. Alcaraz rappelle qu’ils ont commencé ce chemin alors qu’il n’était qu’un enfant. Et aujourd’hui, il part en tant que patron du circuit.
Partir quand tout va bien
La suite du message est encore plus révélatrice. Alcaraz parle de sommet. De moment parfait pour se séparer. Pas de conflit. Pas de lassitude affichée. Juste la conviction intime que l’histoire devait s’arrêter ici, précisément ici.
« Tu m’as aidé à grandir en tant que sportif, mais surtout en tant qu’homme. » Cette phrase résume tout. Ferrero a façonné un joueur, mais aussi un leader, capable de prendre des décisions lourdes, même quand elles vont à contre-courant.
C’est sans doute là que cette séparation prend tout son sens. Alcaraz ne fuit pas. Il anticipe. Il refuse de s’installer dans le confort d’un succès passé. Il choisit l’inconnu, parce que c’est souvent là que naissent les prochains bonds en avant.
Continuité maîtrisée, révolution partielle
Tout ne vole pas en éclats pour autant. Samuel López reste dans l’équipe et assure une forme de continuité technique. Alcaraz ne repart pas de zéro. Il ajuste, affine, prépare la suite avec méthode.
L’objectif est clair, presque obsessionnel. L’Open d’Australie manque toujours à son palmarès. Le Grand Chelem en carrière est à portée de main. Et le circuit n’attend qu’une chose, voir jusqu’où il peut encore pousser ses limites.

Et maintenant, Ferrero
Pour Juan Carlos Ferrero, cette fin n’a rien d’un crépuscule. Son CV parle pour lui. Avant Alcaraz, il avait déjà travaillé avec Alexander Zverev. Selon Marca, plusieurs joueurs du top 10 auraient déjà manifesté leur intérêt.
Logique. Ferrero n’est pas seulement l’homme derrière un prodige. Il est devenu une référence. Un bâtisseur de champions. Un entraîneur capable de penser le long terme, sans brûler les étapes.
Une décision qui dit beaucoup d’Alcaraz
Ce choix raconte beaucoup plus qu’une simple séparation professionnelle. Il raconte un joueur qui refuse de se reposer sur ses acquis. Qui comprend que la plus grande menace, quand on est au sommet, ce n’est pas l’adversaire d’en face, mais la routine.
Carlos Alcaraz n’a que 22 ans. Il est déjà au sommet du monde. Et il vient de prouver qu’il a aussi le courage de se remettre en danger.
Le genre de décision qui ne fait pas gagner un titre. Mais qui, parfois, permet d’en gagner beaucoup d’autres.
Crédit photo : Miguel Reis / NurPhoto via AFP


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