Regis Prograis doute des chances de Terence Crawford face à Canelo Alvarez
Le 13 septembre, les projecteurs se braqueront sur un ring prêt à trembler. D’un côté, Terence “Bud” Crawford, technicien hors pair, invaincu en 41 combats, dont 31 terminés avant la cloche finale. De l’autre, Canelo Alvarez, monstre sacré des super-moyens, champion en titre, icône mexicaine, machine de guerre.
Sur le papier, c’est un choc titanesque. En réalité, c’est un saut dans l’inconnu pour Crawford. Et pour Regis Prograis, ancien champion WBA des super-légers, ça ressemble plus à un pari désespéré qu’autre chose…
Une montée risquée de deux catégories
Ce que Crawford s’apprête à faire n’a rien d’anodin. Monter de deux catégories, passer du welter aux super-moyens, et aller chercher Canelo sur son terrain… C’est du jamais-vu à ce niveau. Et ça inquiète.
« Ce n’est pas qu’une question de poids », balance Prograis, cash. « Canelo, c’est un monstre d’intelligence. Il sait lire un combat comme un livre ouvert. Et quand il frappe, c’est pas pour marquer les esprits, c’est pour éteindre les lumières. »
Ce qui effraie le plus, ce n’est pas seulement la masse. C’est la manière. Le style. L’impact. « Prendre du poids, c’est facile », continue Prograis. « Mais transformer ça en puissance utile, en explosivité… c’est une autre histoire. Tu ne deviens pas un cogneur juste parce que tu manges plus de pâtes. »
Un manque de rythme inquiétant
Et puis il y a ce facteur souvent sous-estimé, mais vital : l’inactivité. Depuis 2020, Crawford combat au compte-gouttes. Un seul affrontement par an. Un rythme quasi-amateur dans un monde où chaque minute d’action compte.
« Le ring, c’est comme une scène de théâtre », philosophe Prograis. « Si tu ne répètes pas assez, tu perds le sens du tempo. Et face à un gars comme Canelo, toujours actif, toujours dans le bain, tu ne peux pas te permettre une fausse note. »
En clair : pas de filet. Pas de deuxième chance. Crawford arrive sans rodage, dans l’arène du plus grand.
L’expérience de Canelo, l’arme fatale ?
Canelo, lui, joue à domicile. Pas seulement parce que le combat aura lieu à Las Vegas. Mais parce qu’il a fait du très haut niveau son terrain de jeu. Il a tout vu, tout affronté, tout encaissé. De Golovkin à Bivol, en passant par Plant, Jacobs ou Saunders, il a dansé avec tous les styles. Et rarement vacillé.
« Ce mec, c’est une horloge suisse avec des gants », lâche Prograis. « Il n’est pas flashy comme un Shakur ou un Tank, mais il est méthodique. Froid. Chirurgical. »
Canelo sait temporiser, piéger, asphyxier. Il sait briser un rythme, t’user à petits coups, jusqu’à ce que tu craques. Et ça, Crawford ne l’a encore jamais vécu.
Crawford peut-il créer la surprise ?
Attention tout de même à ne pas enterrer Bud trop vite. Ce mec, c’est un puzzle vivant. Ambidextre, tacticien, rapide comme l’éclair, toujours en mouvement. Il sait lire, feinter, contre-attaquer. Il sait aussi cogner quand il faut.
Mais pour renverser Canelo, il ne suffira pas d’un éclair de génie. Il faudra une partition parfaite. Zéro erreur. Une préparation chirurgicale. Et peut-être un brin de magie.
« Crawford, il est spécial », concède Prograis. « Mais là, on parle de gravir l’Everest en tongs. Ce n’est pas impossible… mais c’est loin d’être probable. »
Un rendez-vous avec l’histoire
Le compte à rebours est lancé. Le monde de la boxe retient son souffle. Parce que ce combat, au-delà du titre ou des ceintures, c’est une question de légitimité. De courage. De défi. Un affrontement qui dépasse les statistiques.
Et si Terence Crawford réussit là où tant d’autres ont échoué, il gravera son nom en lettres d’or dans l’histoire du noble art. Mais pour l’instant, il reste l’outsider. Celui qui défie la logique. Celui qui s’élance dans la gueule du loup avec foi et talent pour seules armes.
Canelo, lui, l’attend. Implacable. Prêt à défendre son trône.
Crédit photo : Al Bello / Getty Images for Triller
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