Trois balles de titre… et puis plus rien
Il y a des défaites qui laissent un goût plus amer que d’autres. Celle d’Alejandro Davidovich Fokina à Washington entre dans cette catégorie. En finale de l’ATP 500, l’Espagnol avait le match au bout de la raquette. Trois balles de titre. Trois occasions de conclure. Et pourtant, c’est Alex De Minaur qui a fini par lever les bras.
Quand la dernière balle est sortie, Davidovich est resté figé. Quelques secondes d’incrédulité, puis la réalité. Cruelle. Violente. C’est le genre de match qui vous colle à la peau, même sous la douche. Le genre qui résonne encore dans les nuits suivantes. Il avait tout donné. Il n’a rien emporté.
Alcaraz, le message d’un frère
Mais dans ce naufrage émotionnel, Alejandro n’était pas seul. Le vestiaire du circuit ATP, souvent silencieux, a levé la tête. Et les messages ont défilé. Des anonymes. Des fans. Et puis surtout, celui de Carlos Alcaraz. Son pote. Son compatriote. Son alter ego d’une génération espagnole qui rêve en grand.
“De grandes choses sont à venir”, a écrit Carlos Alcaraz sur Instagram. Cinq mots, pas un de plus. Mais le poids des mots, parfois, vaut plus qu’un trophée. Alejandro a lu. Et il a craqué. Des larmes, sincères. Pas de honte, juste de l’émotion. Parce qu’au fond, ces défaites-là sont le prix à payer pour apprendre à gagner.
Une finale, un signal
Il ne faut pas se tromper d’histoire. Cette défaite n’est pas un point final, c’est une virgule. Davidovich Fokina n’a pas juste perdu une finale, il a envoyé un message. Son tournoi à Washington a été solide, intense, plein de panache. Il a écarté des têtes, bousculé les certitudes, fait vibrer les gradins.
Il y a eu du revers lifté, du passing long de ligne, de la grinta andalouse à chaque jeu serré. Ce n’est plus le joueur irrégulier des débuts. C’est un vrai compétiteur, qui sent le jeu, qui ose, qui se bat. Et s’il lui manque encore cette touche de lucidité dans les moments brûlants, personne ne doute qu’elle viendra.
Le circuit, ce drôle de village
Dans ce microcosme impitoyable qu’est le circuit ATP, la solitude est souvent une compagne fidèle. Mais parfois, la fraternité refait surface. Cette semaine, elle s’appelait Carlos Alcaraz, elle s’appelait Pablo, elle s’appelait Daniil ou Frances. Des mots simples, mais chargés d’un respect rare.
Parce qu’au fond, tous savent. Tous ont connu la frustration, les vestiaires silencieux, les finales fuyantes. Alors quand l’un des leurs chute, les autres tendent la main. C’est ce qui rend ce sport si dur… et si beau. Car derrière la compétition, il reste une humanité. Celle qu’on ne voit pas sur les feuilles de stats.
Regarder devant
Pour Davidovich Fokina, l’avenir n’est pas un point d’interrogation. C’est un point d’exclamation. Il avance. Il apprend. Il encaisse. Et il revient. À 25 ans, il a le jeu, le mental, la caisse physique pour grimper encore. Il lui manque peut-être un déclic. Un jour où tout s’aligne. Ce jour viendra.
En attendant, il bosse. Il écoute. Il doute parfois. Mais il trace sa route, sans détour. Et avec dans le coin de la tête cette petite phrase de Carlos Alcaraz qui claque comme un refrain : “De grandes choses sont à venir.”
Crédit photo : Luttiau/L’Équipe
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