La Turquie à l’Euro 2025 : Un défi à ne pas sous-estimer
En 2001, c’était une histoire de cœur, de rage, de public en feu et d’une médaille d’argent conquise à domicile. Depuis ? Le désert. Deux décennies de frustrations, de promesses avortées, de générations dorées jamais couronnées. Mais en 2025, la Turquie revient sur le devant de la scène avec un regard acéré et des ambitions affirmées. Les 12 Dev Adam (les 12 Géants) sont de retour, et cette fois, ce n’est pas pour faire de la figuration.
Placée dans un groupe A au goût de guet-apens avec notamment la Serbie, Lettonie, Tchéquie, Estonie ou encore Portugal, la Turquie n’a pas tiré le tableau le plus simple. Mais quand on débarque avec un front de taureau, on ne craint pas les cornes.
Un effectif qui respire le basket moderne
Il suffit de lire la feuille de match pour sentir le potentiel. Alperen Sengun, futur visage de la NBA selon certains scouts, sera la pierre angulaire du projet turc. Le pivot des Rockets, fantasque et technique, est en train de muter en véritable franchise player à Houston, et cette montée en puissance, il veut la mettre au service de son pays.
À ses côtés ? Adem Bona, révélation NCAA et désormais Sixer, devrait enfin enfiler le maillot rouge en sénior. Une boule d’énergie et de muscles qui ne demande qu’à exploser. Et puis il y a les habitués : Shane Larkin, l’empoisonneur de pick-and-rolls, Cedi Osman, toujours propre dans ses missions 3&D, Korkmaz, sniper intermittent mais dangereux, et Yurtseven, l’arme secrète du banc.
Ça ne rigole plus côté turc. C’est solide, c’est jeune, c’est complémentaire. C’est surtout un groupe qui semble aligné autour d’un objectif clair : finir sur le podium, et pourquoi pas mieux.
Sengun, le visage d’une nouvelle ère
Alperen Sengun ne se cache pas. À 23 ans, il parle déjà comme un vétéran. “Quand tu joues pour ton pays, c’est une autre émotion. Tu sens le poids du maillot, l’attente des gens. C’est une fierté, mais aussi une responsabilité.” Un discours droit, mature, sans fioritures.
Sur le terrain, il mixe la vision d’un Sabonis et les mains d’un Jokic. Le tout avec une touche de folie bien à lui. S’il trouve la bonne alchimie avec Larkin à la mène et Osman sur les ailes, la Turquie pourrait devenir un cauchemar tactique pour n’importe quelle défense.
Et attention, Sengun arrive avec un double feu intérieur : l’EuroBasket en ligne de mire et une saison NBA qui s’annonce volcanique. Avec l’arrivée de Kevin Durant à Houston, il sent que “quelque chose de spécial peut se construire”. Une motivation qui pourrait bien se traduire par un été en apesanteur pour les Géants.
Ataman, le maître d’orchestre
Ergin Ataman, c’est le genre de coach qui ne passe jamais inaperçu. Verbe haut, charisme XXL, double champion d’EuroLeague avec l’Efes Istanbul, il est du genre à te faire croire que battre la Serbie, c’est juste une formalité. Et pourtant, il sait que rien ne sera facile.
“Chaque match sera une bataille. On veut faire partie de ceux qui comptent, ceux qui pèsent.” C’est direct, c’est assumé. Le message est passé.
Sous sa houlette, la Turquie pourrait jouer un basket à deux vitesses : tempo rapide, appuis tranchants, mais aussi capacité à poser le jeu, à dominer en demi-terrain avec un Sengun catalyseur. Un mix difficile à lire, encore plus difficile à contrer.
Un été pour écrire l’histoire
Alors oui, la Serbie reste la favorite. Oui, la Lettonie a prouvé qu’elle n’était plus un outsider mais un poids lourd européen. Et non, rien ne garantit que la Turquie se frayera un chemin jusqu’au dernier carré. Mais cette équipe a quelque chose de différent. Un mélange rare de talent, de rage et de timing.
Euro 2025, c’est peut-être leur moment. Pas parce que les planètes sont alignées, mais parce qu’ils ont décidé de les aligner eux-mêmes. À coup de travail, de flair et de sueur.
Les 12 Géants avancent dans l’ombre des gros, mais s’ils frappent juste, leur rugissement pourrait bien résonner jusqu’à la finale.
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