Une opportunité historique manquée pour Dawn Staley
Le décor est posé : Dawn Staley, légende vivante du basket féminin, trois bagues NCAA avec South Carolina, quatre titres de coach de l’année, voix respectée d’un sport qu’elle a contribué à élever, assise face aux dirigeants des New York Knicks. Un entretien d’embauche qui aurait pu bouleverser l’histoire de la NBA. Un rendez-vous avec la possibilité de voir, enfin, une femme prendre les rênes d’une franchise masculine.
Mais mercredi, sur le podcast “Knuckleheads”, Staley a lâché la bombe : oui, elle a bien passé un entretien avec les Knicks cet été. Non, elle n’a pas été retenue. Et oui, si l’offre avait été sur la table, elle aurait dit oui. Sans hésiter. “Pas seulement pour moi, mais pour les femmes. Pour briser cette barrière. Et c’est les foutus Knicks”, a-t-elle rappelé avec ce mélange de conviction et de réalisme qui fait sa marque.
Un coup de poker à New York
Les Knicks ont choisi Mike Brown, vétéran respecté, passé par Cleveland, Sacramento, Team USA. Classique. Une décision safe. Dans la short list, on retrouvait aussi Taylor Jenkins, Micah Nori ou James Borrego. Tous des profils connus, confortables, interchangeables. Staley, elle, représentait l’inconfort. Le pari. L’histoire en marche.
Et c’est justement cette différence qui a rendu la conversation explosive. Fidèle à elle-même, elle n’a pas cherché à se plier au script. Elle a posé la question qui dérange : “Si vous m’engagez comme première femme coach en NBA, comment ça affectera votre quotidien ?” Silence dans la salle. Malaise palpable. Parce qu’elle avait raison. Les médias. Les polémiques. La pression unique que ce choix aurait imposée aux Knicks, franchise déjà scrutée à la loupe.
Un entretien qui bascule
“J’ai senti l’énergie changer après ça”, a reconnu Staley. “Je me suis tirée une balle dans le pied.” Peut-être. Mais peut-être pas. Car au fond, elle a mis le doigt sur la vérité que peu osent dire tout haut : la NBA n’est pas encore prête. Pas totalement. Pas pour assumer un choix qui briserait toutes les barrières et obligerait à réinventer le quotidien d’une organisation entière.
Et c’est là que réside toute l’ironie. Les Knicks auraient pu être pionniers, devenir les premiers à écrire une nouvelle page dans l’histoire du basket mondial. Ils ont choisi la sécurité. Encore.
Dawn Staley, toujours en avance
La trajectoire de Staley, c’est celle d’une game-changer. Six fois All-Star WNBA, pionnière sur le banc à Temple, bâtisseuse de l’empire South Carolina. Trois titres NCAA, une dynastie en marche, et une influence qui dépasse largement le terrain. Qu’elle ait impressionné les dirigeants new-yorkais, personne n’en doute. Mais qu’ils n’aient pas osé franchir le pas dit tout de l’état de la ligue.
Staley l’a résumé avec lucidité : “La NBA doit être prête pour une femme coach. On ne peut pas juste interviewer quelqu’un et dire : on va l’engager.” Elle sait qu’elle a planté la graine. Qu’elle reviendra peut-être à la table. Mais cette fois, avec une ligue un peu plus mature, un peu plus audacieuse.
Un rendez-vous manqué, mais pas le dernier
New York a préféré le confort à l’histoire. Staley, elle, continue son chemin, plus grande que jamais, avec la conviction qu’un jour, une franchise aura le courage de dire oui. Et quand ce jour viendra, on se souviendra de cet entretien comme du moment où tout a failli basculer.
Parce que Dawn Staley n’a pas besoin des Knicks pour prouver sa légitimité. Mais la NBA, elle, aura besoin d’une Dawn Staley pour franchir son prochain plafond de verre.
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