Girelli délivre l’Italie à la 90e : une nuit pour l’histoire
On dit souvent que certains buts valent plus que d’autres. Qu’ils font trembler autre chose que les filets. Ce jeudi soir, quelque part entre la tension et la gloire, Cristiana Girelli a envoyé l’Italie en demi-finale du Championnat d’Europe féminin. Une tête à la 90e, un instant suspendu, un cri qui a traversé les décennies. Résultat : 2-1 face à la Norvège. Et un billet validé pour les demi-finales, 28 ans après la dernière fois.
Oui, vingt-huit ans. Une génération. Une éternité. La dernière fois que l’Italie avait atteint ce stade, Girelli avait sept ans. Le foot féminin, lui, jouait encore dans l’ombre. Mais ce soir, c’est une lumière bleue azzurra qui a éclairé l’Europe.
Un match qu’on ne voulait plus respirer
Le genre de rencontre où chaque minute pèse un kilo de plomb. Zéro but à la pause, beaucoup de duels, peu d’espaces. Puis enfin, à la 50e, la première brèche. Sofia Cantore déborde, dépose un centre chirurgical au second poteau, et Girelli surgit comme une évidence. Tête piquée. 1-0. Explosion.
Mais la Norvège n’est pas du genre à disparaître. Menée, elle réagit. Ada Hegerberg, toujours aussi dangereuse, obtient un penalty après un contact musclé avec Linari. Mais contre toute attente, la star norvégienne se troue complètement. Le ballon s’envole, les Italiennes respirent… pour 90 secondes.
Parce qu’Hegerberg ne lâche jamais. Deux minutes plus tard, elle égalise sur une action rageuse, et remet tout le monde à zéro. Le suspense est relancé. Le stress, lui, ne nous avait jamais quittés.
Girelli, encore elle
On approche de la fin. Les jambes sont lourdes, les visages fermés. On pense aux prolongations. On s’y prépare. Mais Girelli, elle, prépare autre chose. Elle sent le moment. Le centre vient de Boattin, encore un. Et là, encore une fois, la capitaine plane. Littéralement. Une tête parfaite, une course maîtrisée, un timing d’orfèvre. Le ballon file au fond. 90e. 2-1. C’est fini.
Cristiana Girelli n’est pas une joueuse comme les autres. 35 ans, plus de 100 sélections, des buts en pagaille. Mais celui-là ? Celui-là va hanter les nuits norvégiennes, et habiter les mémoires italiennes. Le genre de but qui dépasse le sport. Une libération collective. Une revanche sur le passé. Une invitation à rêver plus grand.
Le vent tourne pour les Azzurri
Il fallait voir les larmes, les accolades, les cris du banc. L’Italie en demi-finale, c’est bien plus qu’une performance. C’est une promesse. Celle d’un football féminin qui a galéré pour se faire une place, mais qui aujourd’hui prend la lumière. Ce n’est plus un miracle. C’est une montée en puissance.
La suite ? Ce sera l’Angleterre ou la Suède. Deux montagnes. Mais l’Italie a montré qu’elle savait grimper. Qu’elle pouvait souffrir, encaisser, rebondir. Et surtout : qu’elle a une leader. Girelli n’a pas juste marqué deux buts. Elle a embarqué tout un pays sur ses épaules.
La page se tourne, l’histoire s’écrit
1997, c’est désormais de l’histoire ancienne. L’Italie est là, bien présente. Elle a des joueuses, du caractère, du cœur. Et surtout une faim qu’on ne peut pas simuler. Il reste deux marches. Deux chances d’écrire quelque chose de grand. Et le pays entier est déjà accroché à ce rêve.
Dans les tribunes, les drapeaux italiens flottaient encore longtemps après le coup de sifflet final. Girelli, elle, saluait les supporters, le regard embué. Peut-être réalisait-elle. Peut-être pas encore.
Crédit photo : TT Group
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