Carlos Queiroz débarque à Oman : pari fou ou coup de maître ?
À 72 ans, Carlos Queiroz aurait pu choisir le confort. Les studios de télé. Le consulting pépère. Le golf à Lisbonne. Mais non. Le vieux sage du banc a préféré le sable brûlant d’Oman aux plateaux climatisés. Et ce n’est pas pour jouer les figurants.
Ce lundi, l’Association de Football d’Oman a lâché une bombe qui a fait lever quelques sourcils dans le monde du ballon rond : le légendaire entraîneur portugais prend les commandes de la sélection nationale. Objectif clair, calendrier serré : qualification pour la Coupe du Monde 2026. Et ce n’est pas une mission de routine.
Un globe-trotter à l’expérience XXL
Pour ceux qui n’ont pas révisé leur fiche Queiroz récemment, un petit rappel s’impose. Le bonhomme a tout vu, tout fait, tout vécu. Sélections nationales ? Il a coaché le Portugal, l’Iran (deux fois), la Colombie, l’Égypte et même le Qatar, bien avant que ce soit “à la mode”. Clubs ? Il a eu un siège à Old Trafford, juste à côté de Sir Alex Ferguson, avec qui il a façonné le grand Manchester United des années 2000. Bref, pas exactement un débutant.
Mais ce qui fascine chez Queiroz, c’est cette capacité à s’adapter, à comprendre les cultures, à parler le langage du football dans toutes ses variantes. Et surtout, cette obsession : faire gagner les “petits” contre les “gros”. Demandez à l’Argentine, sortie par l’Iran en 2014 d’un match qu’ils n’ont jamais digéré. Ou à l’Afrique du Sud, qui se souvient encore de sa rigueur en 2002.
Un défi brûlant au cœur de l’Asie
Ce n’est pas une promenade de santé qui attend Queiroz. Oman s’apprête à entrer dans le quatrième tour des qualifications asiatiques pour le Mondial, et le casting est relevé : Qatar, Arabie Saoudite, Irak, Émirats Arabes Unis, Indonésie… Pas vraiment des sparring-partners. Et le tirage, prévu le 17 juillet, pourrait bien réserver quelques duels électriques.
Mais Oman arrive avec des certitudes. Notamment celle d’avoir accroché la Palestine (1-1) au troisième tour pour valider son billet. Un nul qui a fait du bruit. Une preuve de caractère. Et maintenant, une nouvelle ère.
Fin de cycle et passage de flambeau
Avant Queiroz, il y a eu Rashid Jaber. Coach local, homme de l’ombre, respecté, rigoureux. C’est lui qui a maintenu le navire à flot, qui a construit les bases. L’Association omanaise a salué son travail avec élégance. Mais le message est clair : place au haut niveau, place à la prochaine étape. Avec Queiroz, le ton change. L’ambition grimpe. Et les attentes explosent.
Le football omanais en mode big picture
Il y a un frisson qui traverse Mascate depuis cette annonce. Un sentiment nouveau : celui de rêver plus grand. De sortir du rang. De devenir autre chose qu’un outsider poli. Oman veut aller au Mondial, et veut s’y rendre en patron. Les supporters en parlent déjà. Les réseaux s’enflamment. On sent que quelque chose se prépare.
Et avec Queiroz, ce “quelque chose” pourrait bien prendre forme. Le coach aime les équipes affamées, les joueurs sous-estimés, les missions impossibles. Oman coche toutes les cases. Reste à voir si le sorcier portugais a encore un tour de magie dans sa sacoche.
Vers 2026, et au-delà ?
La route vers le Canada, les États-Unis et le Mexique est encore longue. Pleine de pièges, de matchs sous pression, de nuits où il faudra tenir le score avec les dents. Mais Oman s’est donné une chance. Une vraie. Et dans un continent où la tactique a parfois du mal à rimer avec cohérence, Carlos Queiroz apporte de la méthode, de la science, et un supplément d’âme.
Alors oui, c’est un pari. Peut-être un dernier baroud pour l’homme aux mille sélections. Mais pour Oman, c’est surtout un signal fort : fini de jouer les seconds rôles. Il est temps de viser les grandes scènes.
Crédit photo : Marcello Zambrana/Presse Sports
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