Tragédie en Palestine : le football pleure Suleiman Al-Obeid
Sur les terrains poussiéreux de Gaza, il suffisait d’un ballon et de Suleiman Al-Obeid pour que la magie opère. Ses dribbles faisaient lever les tribunes, ses buts faisaient oublier, le temps d’un match, le grondement lointain des combats. Mais cette magie s’est éteinte brutalement. L’ancien capitaine, figure adorée du football palestinien, a trouvé la mort dans le sud de la bande de Gaza, touché par des tirs alors qu’il faisait la file pour obtenir une aide humanitaire.
Un artiste du jeu
Al-Obeid n’était pas seulement un buteur. C’était un conteur avec ses pieds. Plus de cent buts inscrits au fil d’une carrière qui l’a vu passer du Khadamat Al-Shati au centre de jeunesse Al-Amari en Cisjordanie, avant de revenir briller avec le Gaza Sports Club. Sur le terrain, il avait ce flair rare, cette lecture du jeu qui transformait une passe anodine en action décisive. Son style était simple à décrire, mais impossible à copier : une touche de balle légère, un regard toujours une seconde en avance sur tout le monde.
Quand le conflit brise les lignes
Dans les stades palestiniens, le bruit des crampons se mêle trop souvent à celui des explosions. La mort de Suleiman rappelle cruellement que le football ici ne se joue jamais à huis clos : il se joue contre l’ombre du conflit. Selon la Fédération palestinienne, 321 membres du monde du ballon rond — joueurs, entraîneurs, arbitres, officiels — ont perdu la vie depuis le début des violences. Derrière chaque chiffre, il y a une carrière interrompue, un rêve effacé.
Un appel qui résonne
Après cette nouvelle tragédie, plusieurs organisations de défense des droits humains relancent leur demande à la FIFA : suspendre l’Association de football d’Israël. Elles dénoncent la présence de clubs israéliens installés dans des colonies de Cisjordanie, une pratique en contradiction avec les propres règles de l’instance internationale. La question devient pressante : jusqu’où le sport peut-il rester neutre face à ce genre de réalité ?
L’empreinte d’un homme
Suleiman Al-Obeid laisse derrière lui cinq enfants et un héritage que ni la guerre ni le temps n’effaceront. Son visage restera accroché aux souvenirs de milliers de supporters. Son nom sera répété dans les histoires qu’on raconte aux jeunes joueurs qui chaussent leurs premiers crampons. Dans un autre monde, il aurait pris sa retraite sous les applaudissements, peut-être même sur un dernier but. Dans celui-ci, il part au milieu des larmes, mais aussi des chants de ceux qui refusent d’oublier.
Laisser un commentaire