Chris Gotterup, l’outsider venu des brumes d’Europe
Le soleil frappait dur sur Royal Portrush ce dimanche 20 juillet. Les caddies suintaient, les spectateurs dégaînaient les casquettes, et les leaders tentaient de garder la tête froide. Et dans cette lumière aveuglante, un nom a surgi là où personne ne l’attendait vraiment : Chris Gotterup, l’Américain au jeu tout sauf timide, s’est offert une troisième place étincelante à l’Open britannique. Une perf’ pleine de caractère, d’instinct… et de racines.
Parce que Gotterup ne débarquait pas ici comme un pur yankee en balade. Il jouait à moitié à domicile. Quelque part entre le vent d’Irlande du Nord et les chants portés par les dunes, il a senti que ce tournoi, il le portait dans le sang.
Le coup de chaud du 8
À un moment, il y a vraiment cru. Scheffler enchaînait les bogeys avec un air de gars qui sentait sa couronne lui glisser des mains. Et puis ce double bogey au 8, coincé dans un bunker aussi traître qu’un vieux whisky écossais. Tout le monde a retenu son souffle. Gotterup, lui, a flairé l’ouverture.
“Je l’ai aperçu, j’ai vu qu’il galérait un peu… Ça m’a donné un boost. Et puis j’ai répondu avec un bogey. La réalité a vite repris le dessus,” a-t-il lâché, mi-souriant, mi-frustré, après la fin de sa journée.
Pas de miracle donc. Mais une troisième place arrachée avec les dents, à l’énergie, à la hargne. Et surtout, avec ce swing agressif qui détonne dans un Open souvent verrouillé.
Jeu offensif, météo capricieuse
La vérité, c’est que Gotterup n’a jamais levé le pied. Il a traversé cette semaine comme un rocker en tournée : un peu imprévisible, très intense. Entre deux rafales et des greens piégeux comme des patinoires, il n’a jamais cessé d’attaquer.
“Chris a un jeu de links dans le cœur, même s’il est né aux US,” glissait un analyste de Sky Sports après son 67 du samedi. “Il aime le chaos, les trajectoires basses, les coups bricolés avec imagination.” Et quand le vent tourne, c’est souvent ceux-là qui survivent.
Un cœur divisé par l’Atlantique
Mais ce qui rend cette perf’ plus belle encore, c’est l’histoire qu’elle raconte. Celle d’un Américain lié par le sang à l’Europe, et qui a trouvé ici un genre de deuxième maison.
“Jouer ici, c’est spécial. Y’a quelque chose de viscéral. J’ai grandi avec des récits familiaux sur l’Irlande, sur le golf là-bas. Ça crée une forme de respect… et de motivation,” a-t-il confié après sa dernière carte.
Ce n’est pas un storytelling fabriqué pour les sponsors. C’est du vécu, du vrai. Un héritage invisible, mais qui donne du poids aux swings. Et une énergie différente, presque sacrée.
Pas encore roi, mais déjà chevalier
Alors non, Gotterup n’a pas levé le Claret Jug ce dimanche. Il a vu la victoire filer, doucement, sans faire de bruit, mais il en sort plus fort. Il a montré qu’il pouvait rivaliser avec les machines de guerre du circuit. Qu’il pouvait, à sa manière, changer le tempo d’un tournoi.
Ce n’est peut-être que le début. Car derrière la puissance brute de ses drives se cache une ambition claire : s’installer, durer, gagner. Il ne veut pas être une anomalie dans un leaderboard. Il veut en faire son terrain de jeu.
Crédit photo : Getty Images
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