Southerndown, le trou 12… et le mouton
Le 12e trou du Southerndown Golf Club, c’est ce genre de par-4 de 378 yards qui vous murmure à l’oreille : “Allez, tente quelque chose.” Un léger dogleg gauche, du vent dans les narines, et un petit ego qui grandit à mesure que les drives s’enchaînent sans accroc. Alors j’ai visé agressif. Trop agressif.
J’ai tenté de couper l’angle en survolant les ajoncs. Mauvaise idée. Ma Titleist est partie en vrille, mordant la gauche. Puis, un bruit. Pas un craquement de branche. Non. Un bêlement. Net. Aigu. Furieux.
Je venais de frapper un mouton.
Panique sur le fairway
Le silence a duré deux secondes. Puis la panique a pris le relais. J’ai commencé à dévaler la colline, à la recherche de la balle… ou de ce qu’il en restait. À chaque pas, une question tournait dans ma tête : est-ce qu’on paie une amende pour avoir frappé un mouton ? Est-ce facturé au kilo ? Mon assurance voyage couvre-t-elle les dommages ovins ?
Trois heures après mon arrivée au Pays de Galles, j’étais déjà convaincu que les tabloïds britanniques allaient me transformer en Amanda Knox du pâturage.
Southerndown, ce joyau insoupçonné
Avant ce voyage, je ne savais même pas que Southerndown existait. Comme beaucoup d’Américains, je connaissais Royal Porthcawl, classé 33e meilleur parcours du Royaume-Uni selon GOLF, et hôte régulier des Opens Seniors. Mais Southerndown ? Jamais entendu parler.
Et pourtant, ce coin du sud gallois cache des trésors. Des parcours somptueux, rudes et magnifiques, souvent oubliés dans l’ombre des mastodontes écossais ou irlandais. Des fairways sinueux, des greens piégeux, des vues qui coupent le souffle… et des moutons, en liberté totale.
Changer de cap
Tout a commencé par un changement de programme de dernière minute pendant des vacances en famille. Quatre jours libres au Royaume-Uni ? L’occasion rêvée de cocher un nom mythique sur ma bucket list golfique. Muirfield ? Royal Dornoch ? Lahinch ? Le cœur disait oui. Le portefeuille, un gros non.
Les tarifs ont explosé. Kingsbarns à 590 $, Royal County Down à 560 $. Et encore fallait-il trouver un créneau disponible, ce qui relève du miracle sans réservation un an à l’avance. Le tee sheet de North Berwick pour 2025 s’est rempli en quelques heures. Autant espérer un ticket pour Wimbledon.
La surprise galloise
Alors j’ai appelé un ami. Un vétéran des links. Sa réponse a fusé : “Va au Pays de Galles. Personne n’y pense, et pourtant, c’est fabuleux.”
Le Pays de Galles ? Sérieusement ? Hormis Royal Porthcawl et Ian Woosnam, je n’avais rien en tête. Mais une nuit de recherches plus tard, je tombais amoureux. Le sud gallois regorge de parcours de qualité, accessibles, magnifiques et étonnamment abordables.
En quelques clics, j’avais réservé mon nouveau pèlerinage. Pas besoin de brader mon fonds universitaire ou vendre un rein sur eBay. Juste mes clubs, un peu de curiosité… et une paire de bottes, au cas où je recroiserais un mouton rancunier.
Un voyage inoubliable
Mon escapade au Pays de Galles s’est transformée en quelque chose de bien plus profond qu’un simple trip de golf. C’était brut, authentique, imprévisible. Un golf de caractère, où les paysages font vibrer autant que les clubs.
Et ce 12e trou à Southerndown, ce fameux par-4 bordé d’ajoncs et peuplé de spectateurs laineux ? Je ne l’oublierai jamais. Pas pour la carte de score. Pas pour le drive. Mais pour ce rappel que le golf, comme la vie, réserve parfois des rebonds qu’on ne voit pas venir.
Crédit photo : Brandon Tucker / Golf Advisor
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