Scottie Scheffler intouchable à l’Open britannique
Le 20 juillet 2025, sous le ciel granitique et chargé de Portrush, Scottie Scheffler n’a pas seulement gagné un tournoi. Il a repris le contrôle de sa propre légende. Un Claret Jug levé haut, un regard mi-serein, mi-habité. Et cette impression tenace, partagée par tous ceux qui ont suivi sa semaine : on vient de vivre un moment charnière dans l’histoire du golf.
Un roi en pleine crise existentielle
Le numéro un mondial n’arrive plus sur un green comme il y a deux ans. Le sourire est toujours là, mais les traits sont plus tirés, le regard moins candide. Et surtout, l’homme parle. Beaucoup. Pas pour remplir l’espace, mais pour creuser. Pour comprendre ce qu’il fait là, pourquoi il s’impose ces semaines de solitude sur des fairways battus par le vent.
“Parfois, je me demande ce que je poursuis vraiment”, lâchait-il mercredi en conférence. Un aveu brutal, presque gênant dans ce monde où l’on cultive le culte du mental inébranlable. Sauf que Scottie, lui, ne joue plus ce jeu-là.
Domination totale, sans fioriture
Dimanche, pourtant, le doute n’avait plus sa place. Scheffler a marché sur le Royal Portrush comme un homme en mission. Pas d’extravagance, pas de coups spectaculaires pour la galerie, juste un enchaînement chirurgical de birdies et de putts rentrés comme s’il répétait une partition. Quatre coups d’avance à l’arrivée. Ni suspense, ni miracle. Juste un rappel clinique : il est, à ce jour, le meilleur joueur de la planète.
Et quand il a soulevé le trophée, ce n’est pas un cri de triomphe qui est sorti de sa gorge. Plutôt un soupir. Celui d’un homme qui s’est retrouvé, même brièvement.

Portrush, théâtre de communion
Il faut avoir foulé les abords du 18 pour comprendre. Les Irlandais du Nord, fans de golf dans l’âme, avaient transformé cette édition en un concert à ciel ouvert. Chaque coup de Scheffler était accompagné d’un murmure collectif, comme une vague prête à gronder ou à exploser. Et même s’il n’était pas le chouchou du public (McIlroy oblige), il a conquis les cœurs par sa constance. Par sa sincérité, aussi.
“Merci à vous tous d’avoir été là, même quand je ne jouais pas votre favori”, a-t-il lâché, micro en main, les yeux encore humides. “Vous avez rendu cette semaine inoubliable.”
Gagner, oui. Mais à quel prix ?
Ce triomphe, aussi pur soit-il sur le plan sportif, soulève une autre question : jusqu’où Scheffler est-il prêt à aller ? Car derrière la victoire, il y a l’usure. Celle du corps, évidemment. Mais surtout celle de l’esprit. Cet Open a été celui d’un joueur au sommet qui commence à regarder plus loin que la ligne de putt. Qui ose poser la question que personne ne veut vraiment entendre : est-ce que ça en vaut encore la peine ?
“Je ne veux pas être juste un gars qui gagne. Je veux savoir pourquoi je gagne”, disait-il. C’est subtil, mais c’est fondamental.
Crédit photo : Getty Images
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