La main de Hart : l’ombre au tir des Knicks
Il y a des blessures qu’on voit, et celles qu’on devine. Josh Hart, lui, vit avec une douleur invisible — un petit courant qui court de sa paume à son coude, comme un rappel constant que quelque chose cloche. Sa main droite, celle qui lâche le ballon, qui sculpte l’équilibre d’un tir, refuse d’obéir totalement. Et à New York, où chaque shoot pèse lourd, ce détail-là change tout.
Le joueur l’a confié sans détour : il souffre de lésions nerveuses dans sa main de tir. Rien d’anodin, surtout quand on dépend de ce geste précis, de cette sensation au millimètre. Avant même le camp d’entraînement, Hart savait que le problème persistait. Une opération estivale sur son annulaire droit n’a rien arrangé. Pire, la perte de sensation s’étend maintenant jusqu’à son majeur et son auriculaire.
“Ce sera un processus avant de retrouver la pleine sensation”, a-t-il lâché, lucide, presque fataliste. “La main sera ce qu’elle est. Je bosse mon tir, ça viendra. Mais je ne vais pas me faire opérer.”
Le ton n’est pas plaintif, mais déterminé. Hart n’a jamais été du genre à se cacher derrière une excuse. Le souci, c’est que cette main, c’est son outil de travail. Et aujourd’hui, elle ne répond plus totalement à l’appel.
Un début de saison en perte de repères
La vérité crue du moment, c’est que Josh Hart n’est plus tout à fait lui-même. Les chiffres ne mentent pas : 2,8 points de moyenne, 6 rebonds, 3,3 passes en un peu plus de 22 minutes par match. Des pourcentages qui piquent les yeux (.211 au tir, .100 à trois points). On est loin du couteau suisse que Tom Thibodeau adorait aligner 35 minutes par soir la saison passée.
Ce n’est pas qu’il ait perdu son sens du jeu. Hart reste ce joueur qui fait mille petites choses que les stats ne voient pas : défendre sur trois positions, prendre le rebond qu’il ne devrait jamais attraper, lancer la transition au bon moment. Mais cette fois, tout paraît un peu décalé. Moins d’explosivité, moins de rythme, moins de certitudes.
Et puis il y a ce rôle mouvant, presque instable. La rotation new-yorkaise a changé, Brunson et Anunoby monopolisent davantage le ballon, Towns occupe un volume offensif inédit. Hart, lui, cherche encore sa place dans ce puzzle. “Si je ne commence pas, ça me va. Je veux juste un rôle constant, pour pouvoir influencer ce rôle”, explique-t-il. Une phrase simple, mais lourde de sens. On entend la frustration derrière la discipline.
Un équilibre à retrouver
Les Knicks, cette saison, marchent sur un fil. Ils sont solides, ambitieux, mais encore en phase d’assemblage. Et dans ce contexte, l’absence de la meilleure version de Josh Hart pèse. L’énergie, la défense sur l’homme, la transition rapide — ces choses qu’il apportait sans qu’on ait besoin d’en parler — manquent par moments.
Il ne s’agit pas de remettre en cause son importance, mais plutôt de mesurer ce que sa blessure change dans la mécanique globale. Car Hart, c’est souvent le baromètre invisible de cette équipe. Quand il court, tout le monde court. Quand il se bat sur un rebond offensif, le Madison Square Garden rugit. Quand il cale une passe vers le corner, Brunson et compagnie respirent mieux.
Mais depuis quelques semaines, tout cela semble un peu figé. On sent que la main le gêne dans son tir, qu’il hésite à prendre certains angles, qu’il ajuste différemment la balle avant de la relâcher. C’est infime, mais à ce niveau, l’infime change tout.
L’épreuve du temps
Alors, que faire ? Attendre, travailler, espérer. Hart a choisi la voie de la patience. Pas d’opération, pas de mise à l’écart prolongée. Il veut traverser cette période en jouant, en s’accrochant. Une décision courageuse, mais risquée. Car la NBA ne ralentit pas pour personne.
Les prochains matchs diront s’il peut s’adapter, trouver une nouvelle façon de contribuer sans forcer. Peut-être que le tir reviendra avec la sensation. Peut-être pas. Ce qu’on sait, c’est que Josh Hart ne lâchera rien.
Et si, paradoxalement, cette blessure devenait la matrice d’une renaissance ? Un rappel que même les joueurs les plus discrets ont leurs batailles invisibles. Une main endolorie, mais un cœur entier. C’est tout Josh Hart. Et c’est peut-être ce dont New York aura le plus besoin cette saison : un joueur qui continue d’y croire, même quand tout le reste lui échappe.



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