Hommage à Lenny Wilkens : Une légende du basket s’éteint
Il y a des noms qui semblent avoir toujours fait partie du décor de la NBA, comme ces silhouettes qu’on aperçoit dans les couloirs d’une salle depuis des décennies. Des noms qui n’ont pas besoin d’être criés pour résonner. Lenny Wilkens faisait partie de cette caste rare. Un homme que le basket n’a jamais vraiment quitté et qui, à 88 ans, tire sa révérence, laissant derrière lui un vide que les statistiques ne suffiront jamais à combler. Sa famille a annoncé son décès dans la douceur de son foyer, entouré des siens. Une sortie discrète, presque humble, à l’image de l’homme.
Ironie du destin: Seattle venait tout juste de lui ériger une statue, la première devant le Climate Pledge Arena, posée là comme un clin d’œil du temps lui-même.
The Cleveland Cavaliers are deeply saddened by the passing of Lenny Wilkens, a celebrated and legendary figure whose impact on our franchise and the game of basketball will never be forgotten.
Wilkens’ connection to the Cavaliers was felt on both sides of the court. As a player,… pic.twitter.com/29m9UdjtcL
— Cleveland Cavaliers (@cavs) November 10, 2025
Une légende qui dépasse les chiffres
A Brooklyn, en 1937, Lenny Wilkens n’a pas grandi dans la facilité, mais il a grandi avec une vision du jeu plus vive que celles de ses pairs. Providence College repère son talent, la NBA l’enrôle en 1960 au premier tour, et dès ses premiers dribbles, on comprend que ce meneur ne ressemble à personne.
Quinze ans de carrière, neuf sélections au All-Star Game, une maîtrise du tempo que même les défenseurs les plus agressifs n’arrivaient pas à dérégler. Il jouait sans jamais forcer, avec cette assurance tranquille qu’on associe aux maîtres artisans. Un vrai métronome. Pas le genre à faire le show pour la galerie, mais celui qui vous gagnait un match en orchestrant ce que les autres ne voyaient même pas.
Coach et joueur, deux métiers en un
Puis vient ce qui, aujourd’hui encore, semble presque irréel. Wilkens décide de devenir entraîneur tout en continuant à jouer. Deux métiers, deux responsabilités, deux pressions… et pourtant, une seule ligne directrice: celle de son intelligence basket. Cette audace, cette double casquette, il l’assume sans se plaindre, sans se mettre en avant. Les résultats, eux, parleront à sa place: 1 332 victoires en carrière, record absolu au moment de son départ.
Le sommet, tout le monde le connaît. Seattle, 1979. Les SuperSonics qui décrochent leur seul titre NBA, une équipe qui respire la discipline, la solidarité, l’exigence. Une équipe où chaque joueur semble se dépasser pour son voisin. L’empreinte Wilkens, tout simplement.
Cleveland aussi garde un souvenir ému de son passage. Les années Brad Daugherty, Mark Price, Larry Nance… une époque où la franchise jouait un basket intelligent, léché, pensé pour durer. Et partout où il est passé ensuite, d’Atlanta à Toronto en passant par Portland, Wilkens a laissé la salle mieux qu’il ne l’avait trouvée.

Un cœur tourné vers les autres
Mais réduire Lenny Wilkens à son impact sportif serait passer à côté de l’essentiel. À Seattle, on ne parle pas seulement du coach ou du joueur. On parle de l’homme qui a donné de son temps pour les enfants, pour les familles en difficulté, pour les hôpitaux. On parle de fondations, de visites impromptues, de gestes simples. Dans un monde où les grandes figures s’éloignent parfois de la réalité, Wilkens, lui, restait accessible. Chaleureux. Présent.
L’héritage communautaire qu’il laisse derrière lui fait presque oublier que les trophées existent. C’est souvent le signe des plus grands.
L’héritage de Wilkens
Lenny Wilkens laissera un grand vide dans le monde de la NBA. Pas parce qu’il était intouchable, mais parce qu’il était unique. Le genre de personnalité que l’on croit éternelle, tant elle s’incruste dans les souvenirs de milliers de fans. Le genre de sage qu’on aurait aimé consulter encore une fois avant un match crucial, comme un vieux capitaine de navire qui connaît chaque courant.
Le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre, finalement, c’est de continuer à jouer et coacher en portant en soi un peu de sa vision.
Un peu de cette sérénité. Un peu de cette classe rare qu’il incarnait sans jamais la revendiquer.
Merci pour tout, Coach Wilkens. Vous avez marqué la NBA. Vous avez marqué des vies. Et, à votre manière, vous ne quittrez jamais vraiment le parquet.
Crédit photo : Photo par STEPH CHAMBERS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP


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