Wimbledon : Alcaraz vise le triplé
Favori annoncé pour un troisième sacre consécutif sur le gazon londonien, Carlos Alcaraz débarque à Wimbledon avec l’aura d’un jeune roi déjà couronné. Vainqueur au Queen’s, tenant du titre à Londres, et tout juste auréolé d’un sacre à Roland-Garros, l’Espagnol semble surfer sur une vague irrésistible. Mais dans l’ombre, un homme se tient prêt. Silencieux, affûté, presque oublié : David Goffin.
Le Belge n’a plus le classement, ni le coup de projecteur. Mais il a autre chose. Un petit détail qui, dans le monde impitoyable du tennis de haut niveau, peut tout changer : un bilan positif face à Alcaraz. Oui, vous avez bien lu.
Le fantôme de Miami plane encore
Trois matchs, deux victoires. La dernière ? Récente, cinglante, imprévue. Mars 2024, Masters 1000 de Miami. Alcaraz est tête de série numéro 1, favori des bookmakers, la raquette qui fait lever les foules. Goffin, lui, sort d’un hiver compliqué. Mais ce jour-là, sur le dur de Floride, il joue juste. Très juste. Trop juste. Résultat : 5-7, 6-4, 6-3. Sidération générale, sauf dans le clan belge.
« Je savais que je pouvais le gêner. J’ai cette capacité à lire son jeu, à anticiper ses trajectoires, à casser son rythme. Et sur un bon jour, avec un peu de confiance… », explique Goffin, rencontré au Boodles, ce tournoi d’exhibition qui sent bon le gazon fraîchement coupé et les scones au citron.
2021, Melbourne : l’étincelle
C’est là que tout a commencé. Retour en janvier 2021, sur les courts sans public de Melbourne, juste avant l’Open d’Australie. Alcaraz n’est encore qu’un prodige parmi d’autres, mais déjà, il attire les regards. « Je me souviens, il y avait une vraie hype autour de lui. Il avait 17 ans, tous les Espagnols du circuit le suivaient comme un chef d’orchestre. Je me suis dit : ce gamin a du feu. »
Ce jour-là, c’est Goffin qui s’impose. Mais il comprend surtout qu’il vient de croiser un phénomène.
Une anomalie dans la matrice
Depuis, Alcaraz a tout raflé : Roland-Garros, Wimbledon, US Open, Indian Wells, Madrid, la totale. À 22 ans, il a déjà le palmarès d’un vétéran. Et pourtant, face à Goffin, il doute. Un peu. Suffisamment pour perdre deux fois.
« À Astana, il sortait d’un gros été. Il avait la tête dans les étoiles, il était cramé. Et moi, j’étais affamé. À Miami, c’était autre chose. J’ai sorti l’un de mes meilleurs matchs depuis des années. Mais je sais que ce sera plus dur sur gazon », admet Goffin, lucide et franc.
Car oui, Alcaraz sur gazon, c’est déjà un monstre. Puissant, fluide, agressif. Il a dompté Djokovic en finale l’an dernier, après une bataille de cinq sets restée dans toutes les têtes.
Wimbledon : le théâtre des pièges
Mais Wimbledon n’est jamais un long fleuve tranquille. C’est une arène où les outsiders renaissent, où les têtes de série vacillent, où la pluie s’invite sans prévenir. Et dans ce décor old school, entre blazers blancs et fraises à la crème, le piège Goffin pourrait se refermer une nouvelle fois.
Le tirage au sort n’est pas encore tombé, mais l’idée d’un choc Alcaraz-Goffin dès le deuxième tour fait déjà frémir les puristes. Un duel de styles, un duel de générations. Et surtout, un match où l’Espagnol aura tout à perdre.
« Il m’a sûrement dans un coin de sa tête », glisse Goffin avec un petit sourire en coin. Pas de fanfaronnade, juste la conscience tranquille de celui qui sait. Qui a déjà gagné. Et qui pourrait, pourquoi pas, recommencer.
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