Liverpool mise sur Rob Page pour relancer sa pépinière
Une nomination qui détonne, un pari qui intrigue. Liverpool a décidé de confier son équipe des moins de 21 ans à Rob Page, ex-sélectionneur du pays de Galles. Un choix qui peut surprendre à première vue, mais qui en dit long sur les ambitions du club en matière de formation. Fini les demi-mesures. Place à une vision affirmée, incarnée par un coach habitué aux grandes scènes.
Du banc gallois à la fabrique de talents
Rob Page, ce nom évoque d’abord un parcours en sélection, à la tête d’un pays de Galles qu’il a hissé sur des terrains où il n’avait plus mis les pieds depuis des décennies. Euro 2020 : huitièmes de finale. Coupe du Monde 2022 : qualification historique, la première depuis 1958. Même si le Mondial au Qatar ne restera pas dans les mémoires pour ses résultats (1 point, 1 but, 0 victoire), il aura marqué une génération. Et prouvé que Page savait gérer un groupe, insuffler un état d’esprit, guider des jeunes dans un contexte exigeant.
C’est peut-être ça, justement, qui a tapé dans l’œil des décideurs de Liverpool : sa capacité à créer du liant, à faire éclore des talents dans un environnement sous pression. Et ce, sans la lumière des projecteurs de clubs huppés. Loin du clinquant, mais terriblement efficace.
Un vent nouveau après l’ère Lewtas
Rob Page débarque à Kirkby pour prendre la suite de Barry Lewtas, en place depuis cinq ans. Un cycle qui s’est essoufflé, malgré quelques pépites passées sous sa houlette. La dernière saison s’est achevée sur une pâle 16e place en Premier League 2. 27 petits points en 20 matchs. Loin, très loin des standards que s’impose un club comme Liverpool, même à l’échelle de ses jeunes.
Le message est clair : l’académie veut retrouver du mordant, et surtout, recoller au projet de l’équipe première. Avec Arne Slot aux commandes des A, la filière jeunes doit redevenir un vivier naturel et non une zone de transition flottante.
Un projet taillé sur mesure
Alex Inglethorpe, boss de l’académie depuis plus d’une décennie, ne s’est pas contenté d’une simple nomination technique. Il a cherché un profil capable d’inspirer. Un bâtisseur. « Rob apporte une richesse d’expérience en tant que joueur et entraîneur. Il sait ce que c’est que d’accompagner des jeunes vers le très haut niveau », a-t-il glissé dans un communiqué sans langue de bois.
Et il a raison. Sous les radars médiatiques, Page a injecté des jeunes dans le groupe gallois comme on injecte de l’oxygène dans un coureur à bout de souffle. Neco Williams, Brennan Johnson, Ethan Ampadu : tous ont gagné leurs galons avec lui. Pas étonnant que Liverpool y voie un relais stratégique.
Un défi grandeur nature
Mais attention : entraîner une sélection et coacher une équipe de club, même U21, ce n’est pas le même métier. Page va devoir composer avec les exigences du quotidien, la gestion des ego en devenir, et cette pression sourde qui règne sur les académies des grands clubs. Celle qui dit : « forme-les bien, mais forme-les vite. »
À 49 ans, il arrive avec un bagage solide, mais aussi une carte à rejouer. Revenir dans le quotidien d’un club, reconstruire une dynamique de groupe, poser sa patte sans tomber dans le dogmatisme : le chantier est vaste. Et fascinant.
Un pari à deux lectures
Certains y verront un choix atypique, presque risqué. D’autres parleront de vision. Mais dans les deux cas, une chose est sûre : Liverpool ne veut plus d’une équipe U21 qui vivote. Il veut un tremplin. Un vrai. Un accélérateur vers le plus haut niveau.
Et si Rob Page parvient à transposer à Kirkby ce qu’il a bâti avec le pays de Galles, alors ce pari pourrait vite ressembler à un coup de génie. En tout cas, un message est passé : à Liverpool, la formation redevient un pilier stratégique. Et désormais, elle a un capitaine à son image. Calme, expérimenté, et prêt à faire grandir.
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