L’ombre des transferts fantômes plane sur Lyon
Quand on évoque ces 120 millions d’euros que devrait rembourser Olympique Lyonnais (OL), ce ne sont pas des chiffres abstraits. C’est une bombe comptable, une dette prête à exploser au visage du club. Et tout cela porte le nom de John Textor, l’ancien président d’OL, aujourd’hui pointé du doigt après un montage financier qui ressemble plus à un coup de poker qu’à du football.
Depuis quelques jours, l’affaire est sortie des bureaux feutrés des financiers pour retentir comme un coup de théâtre médiatique. Cinq joueurs de Botafogo : Igor Jesus, Luiz Henrique, Jair Cunha, Jefferson Savarino et un prêt de Thiago Almada, auraient été “achetés” par Lyon entre 2024 et 2025. Sur le papier, oui. Dans les faits ? Aucun n’a été enregistré auprès de la LFP. Aucun n’a jamais porté le maillot lyonnais, à l’exception d’un prêt gratuit d’un semestre.
Pourtant, les transferts ont bien été facturés. Et ces créances ont été cédées à des sociétés d’affacturage. Résultat : Lyon a encaissé presque 100 millions d’euros de trésorerie immédiate. Sauf qu’aujourd’hui, les prêteurs réclament leur dû. Soit 120 millions d’euros que le club doit rembourser.
Un club de RÉGIONAL 1 va laisser la recette à LYON pour les aider financièrement MDDDDRRRR c’est le tweet le plus lunaire que j’ai jamais lu https://t.co/C55uMFxxR0 pic.twitter.com/FOTFE4axQA
— Bilo 👒 (@basilebilo) December 4, 2025
Quand le modèle multiclubs tourne au cauchemar
Le mécanisme (assez cynique) avait pourtant tout l’air d’un tour malin. Textor, à la tête d’un ensemble de clubs (Botafogo, OL, entre autres), tentait de jongler entre entités pour optimiser les flux. Acheter au Brésil, facturer ailleurs, réinjecter l’argent pour équilibrer les comptes. Un montage que l’ancien dirigeant, dans un récent communiqué, n’hésite pas à défendre comme “bénéfique pour les deux clubs”. Mais le pari a tourné au fiasco. L’interdiction de recrutement prononcée contre l’OL empêchait tout enregistrement officiel en France. Les promesses de rendement, les ventes futures, les gains espérés… tout s’est volatilisé. Ce sont les fantômes de transferts qui hantent désormais les bilans. Et ceux qui tiennent les cordons de la bourse frappent à la porte pour exiger le remboursement.
Le club se retrouve ainsi pris entre deux feux. D’un côté, la crainte d’un effondrement financier, avec ces dettes soudaines et inattendues. De l’autre, l’image d’un géant abîmé, au bord de l’asphyxie budgétaire, alors qu’il tente de reconstruire une crédibilité après une crise sportive et institutionnelle.
John Textor : visionnaire ou illusionniste ?
Textor assume. Il dit que le modèle multiclubs était censé offrir une flexibilité unique. Il évoque le “cash-pooling”, les transferts internes qui servent à structurer un groupe global, la complémentarité entre le Brésil et l’Europe. Selon lui, les montants réclamés sont exagérés ; après recalcul, l’OL devrait 35 millions d’euros à Botafogo, pas 120.
Mais dans les coulisses, c’est un tout autre débat. Beaucoup parlent d’une opération borderline, d’un montage financier dangereux, flirtant avec le vide juridique. Un pari risqué, basé sur des promesses de ventes futures, des valorisations hasardeuses et des obligations aujourd’hui clairement non tenues.
Pour Lyon le réveil va être brutal
La révélation de cette dette massive met l’OL face à ses responsabilités. Depuis la rétrogradation prononcée par le gendarme financier, le club avait entamé un travail de nettoyage, essayant de rassurer partenaires et instances. Ce dossier empoisonné remet tout en question. À court terme, les conséquences financières sont évidentes. Mais c’est aussi l’image, le lien de confiance avec les supporters, les partenaires, le monde du football, qui prend un coup. Un club de l’envergure de Lyon ne peut pas se permettre ce genre de flou. L’ombre de ces “transferts fantômes” plane désormais sur l’avenir du club.
Ce scandale révèle un système à plusieurs vitesses, où l’argent circule entre continents, où des joueurs deviennent des chiffres sur un bilan, et où un club historique peut être transformé en fusible pour équilibrer des comptes plus larges.
La question n’est plus seulement de savoir si l’OL s’en remettra, mais dans quel état.



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