Adam Silver et l’enquête sur les Clippers : la charge de la preuve
La NBA entre dans une zone de turbulences, et Adam Silver le sait mieux que personne. En conférence de presse de pré-saison, le commissaire de la ligue a mis les choses au clair : si la ligue doit frapper, c’est à elle de prouver. Pas à Steve Ballmer, pas aux Clippers, pas aux joueurs. Aux enquêteurs. Point.
« La charge incombe à la ligue », a martelé Silver devant les journalistes. Une phrase qui sonne comme un garde-fou, mais aussi comme un rappel : la NBA veut jouer cette affaire à livre ouvert, sans se contenter d’ombres ou de soupçons.
L’affaire Clippers-Ballmer
Le dossier ? Une histoire à 28 millions de dollars, sur fond de “no-show deal” avec la société Aspiration, aujourd’hui disparue. Steve Ballmer, propriétaire des Clippers, y avait des billes en tant qu’investisseur, et c’est là que ça se complique.
Pour tirer les choses au clair, la NBA a mandaté le prestigieux cabinet Wachtell, Lipton, Rosen & Katz. Mission : fouiller, recouper, comprendre s’il y a eu violation des règles, abus de position ou mélange des genres. Pas de deadline fixée. Pas de coup de pression affiché. Mais une certitude : ce dossier sera décortiqué.
Silver, lui, veut garder la ligne droite. « Je suis un grand partisan du processus équitable », a-t-il insisté. Avant d’ajouter que d’autres propriétaires de la ligue partagent ce réflexe de prudence : ne pas juger trop vite. Un signal fort envoyé aux 30 gouverneurs : le commissaire, certes élu par eux, se veut avant tout gardien de l’intégrité de la NBA.
Un commissaire sous tension
Silver marche donc sur un fil. D’un côté, il doit rassurer les propriétaires : la NBA ne va pas se transformer en tribunal populaire au moindre bruit de couloir. De l’autre, il porte la responsabilité d’incarner une institution indépendante, crédible, qui protège son image avant tout.
Ce n’est pas la première fois qu’il se retrouve dans ce genre d’équilibre précaire. Mais cette affaire touche à un poids lourd : Ballmer, l’homme au portefeuille XXL, qui a déjà investi des milliards dans sa franchise et dans la future arena des Clippers. Autant dire que le séisme serait majeur si des sanctions venaient à tomber.
All-Star, Europe et futur de la NBA
Si cette enquête a monopolisé l’attention, Silver a aussi profité de l’occasion pour dessiner l’avenir. Et pas seulement en Amérique.
Côté show, le All-Star Game change de costume. Fini le duel classique Est-Ouest, fini même le format “drafté” par les capitaines. Place à un tournoi entre deux équipes américaines et une internationale. Un format pensé pour raviver la flamme, redonner de l’enjeu et pousser les stars à jouer vraiment. « L’All-Star doit rester un moment fort de notre culture », a rappelé Silver.
Côté expansion, les discussions s’accélèrent autour d’une possible ligue européenne estampillée NBA. Avec son bras droit Mark Tatum, le commissaire explore cette piste depuis plusieurs années. La différence, c’est qu’aujourd’hui, le timing semble plus concret. La NBA veut continuer d’élargir son empire, séduire les fans au-delà de l’Atlantique et s’imposer comme la référence mondiale du sport-spectacle.

La marque NBA face à ses paradoxes
Tout est là : gérer le présent, préserver l’image, mais penser grand. Silver avance avec prudence, mais aussi avec ambition. L’affaire des Clippers rappellera forcément le spectre Donald Sterling et le scandale qui avait secoué la ligue en 2014. Sauf qu’ici, la bataille se jouera moins sur des propos sulfureux que sur des flux financiers, des contrats opaques et une question simple : où placer la ligne rouge ?
L’avenir nous dira si Ballmer et ses Clippers franchissent ce cap dangereux. En attendant, Adam Silver tente d’écrire le futur de la NBA sans que le présent ne le rattrape.


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