NBA : Billy Donovan prolonge aux Bulls pour plusieurs années

Les Bulls misent sur Billy Donovan : stabilité ou statu quo ?

Chicago n’a jamais été une ville qui s’épanouit dans le doute. Ici, on préfère les décisions tranchées, les leaders assumés et les directions claires. Alors quand les Bulls annoncent la prolongation de Billy Donovan pour plusieurs années, le message est limpide : on continue. Coûte que coûte.

Ce n’est pas le genre de moves qui font sauter Twitter. Pas de blockbuster trade, pas de star qui débarque en costard flashy au United Center, pas de déclaration fracassante. Juste un homme, un coach, qui reste en place. Mais dans un NBA game où tout change à la vitesse d’un step-back de Steph, c’est peut-être ça, le vrai pari audacieux.

Une foi renouvelée dans le trio Donovan–Karnisovas–Eversley

Billy Donovan prolonge. Arturas Karnisovas aussi. Marc Eversley reste dans la boucle. Chicago ne change pas de cap, elle verrouille l’état-major. Et ça, ça en dit long.

Le front office, souvent sous le feu des critiques pour son manque de prise de risques ou sa prudence sur le marché, double la mise sur sa vision. Pas de tanking assumé, pas de rebuild brutal. Juste une volonté de construire par strates, en espérant que les fondations soient, un jour, suffisamment solides pour soutenir un vrai contender.

Karnisovas et Eversley, aux commandes depuis 2020, ont déjà montré qu’ils savaient tirer des coups intéressants (l’arrivée de DeRozan, le trade de Vucevic). Mais ils ont aussi raté quelques virages. Et malgré des ambitions élevées, les Bulls n’ont jamais vraiment dépassé le statut d’équipe “mid”, bonne élève mais sans bulletin d’honneur. Depuis 2022 les Bulls n’ont fais que passer par le play in en affrontant, et se faisant éliminé à chaque fois par le Miami heat… La franchise reste donc dans le milieu du tableau, pas assez bien positionné pour obtenir des choix de Draft intéressant, pas assez bien pour jouer quelque chose en playoff. Le tout a de quoi faire couler l’assurance maladie en ce qui concerne les cas de dépressions.

Donovan, l’homme du projet… ou du plafond ?

Malgré tout, Billy Donovan, ça reste la stabilité incarnée. Le genre de coach qui ne fait pas de vagues mais garde toujours le cap. Un meneur calme, respecté, apprécié de ses joueurs. Mais en cinq saisons à la tête des Bulls, le bilan est clair : 195 victoires, 205 défaites. Légèrement en négatif. Une seule vraie apparition en playoffs. Et une élimination sèche face aux Bucks en 2022.

Alors pourquoi prolonger ? Parce que dans un vestiaire parfois tiraillé entre ambitions personnelles et projets collectifs, Donovan fait le lien. Il connaît la NBA, il parle la langue des joueurs, et il n’a jamais perdu le vestiaire, malgré les blessures, les rotations instables et les performances irrégulières. C’est peut-être pas sexy, mais c’est précieux.

La continuité comme credo, la progression comme défi

La vraie question maintenant, c’est celle du cap franchi. Parce que prolonger pour prolonger, c’est reculer masqué. Les Bulls ne peuvent plus se permettre de naviguer à vue, pas après autant d’années de ventre mou.

La bonne nouvelle, c’est que la base est là : Coby White a explosé, Patrick Williams intrigue toujours, et Ayo Dosunmu continue d’apporter de l’énergie sur les deux côtés du terrain. Mais si Chicago veut viser plus haut, il va falloir plus que des “bonnes surprises”. Il faudra un vrai leader, un game changer. Et surtout, une philosophie claire.

Donovan est censé incarner cette ligne directrice. Offensivement, ses systèmes ont parfois manqué d’inventivité, mais ses ajustements défensifs ont souvent sauvé la baraque. C’est aussi là qu’on attendra le coach : faire progresser ce groupe, faire gagner ces jeunes, et montrer que le plafond n’est pas déjà atteint.

Un choix qui en dit plus qu’il n’y paraît

En prolongeant Donovan, les Bulls envoient un message à leurs fans : on croit à ce qu’on construit. Et à ceux qui espéraient un grand ménage, une révolution estivale ou un reset façon Thunder ou Rockets, la réponse est un non poli…

Mais ce choix, aussi discret soit-il, dit quelque chose de plus profond : dans une ligue où tout va trop vite, où les coachs tombent comme des dominos après une série de défaites, Chicago choisit d’y croire encore. À son staff. À sa méthode. À son coach.

Reste à savoir si cette foi sera récompensée. Parce qu’à un moment, les résultats doivent parler. Et si la continuité peut être une force, elle peut aussi devenir un piège si elle n’est pas nourrie d’ambition.

We are done with the 90s

Les fans des Bulls ont de la mémoire. Ils savent ce que c’est que vibrer pour un grand projet. Ils ont connu les années Rose, les dynasties, les buzzer-beaters de légende. Aujourd’hui, ils attendent autre chose qu’un simple top 10 de conférence !

La prolongation de Billy Donovan est un acte de foi. Mais c’est aussi un appel à l’action. Maintenant, il faut que ça bouge sur le terrain. Que ça gagne. Que ça inspire.

Sinon, la continuité finira par rimer avec lassitude.

Crédit photo : NBA