Expansion de la NBA : entre ambition et prudence
À chaque intersaison, la même rumeur refait surface comme un refrain familier. « Seattle is ready. » Las Vegas aussi, d’ailleurs. Les fans en rêvent, les insiders en parlent, et les villes se préparent. Mais du côté de la NBA, le ton reste le même : calme, mesuré, presque désarmant de réalisme. Car derrière les fantasmes d’expansion, Adam Silver garde les deux pieds sur le parquet. Et tant que la question de la diffusion locale ne sera pas réglée, il n’y aura ni nouvelles franchises ni envolées lyriques.
« Il serait irresponsable de notre part de ne pas comprendre comment fonctionnera la télévision régionale avant d’envisager une expansion », a tranché Silver lors de la dernière réunion du Board of Governors. Traduction : le rêve devra attendre. Le commissaire a sorti le frein à main, et pour de bonnes raisons.
Un jeu qui se joue sur les écrans
Avant d’être une ligue de basket, la NBA est une machine médiatique. Et cette machine est en pleine mutation. Fini le temps où chaque franchise pouvait compter sur son contrat avec une chaîne locale pour arroser sa fanbase. Aujourd’hui, les jeunes zappent la télé, scrollent TikTok, streament à tout-va. Résultat : les anciens modèles de diffusion s’effondrent, et personne ne sait encore comment les remplacer.
Certaines chaînes régionales font faillite, d’autres réduisent la voilure. Les matchs ne sont plus aussi accessibles qu’avant. Et pour une ligue qui vend du spectacle, perdre en visibilité, c’est perdre en valeur. C’est ce casse-tête, bien plus que la compétition sportive ou la démographie des villes, qui pousse la NBA à temporiser.
Avant de planter un nouveau drapeau sur la carte, la ligue veut d’abord savoir comment elle diffusera les matchs à Las Vegas ou à Seattle. Et surtout, qui paiera pour les regarder.
Relocalisation : la carte secrète ?
Mais s’il est encore trop tôt pour agrandir la table, certaines chaises pourraient bien changer de place. L’idée d’une relocalisation, taboue il y a encore quelques années, revient doucement dans la conversation. Et si l’on en croit Bill Simmons, les New Orleans Pelicans seraient les premiers sur la sellette.
Pourquoi eux ? Parce qu’après vingt ans à La Nouvelle-Orléans, la greffe n’a jamais vraiment pris. Pas de vrai engouement populaire, des résultats sportifs inconstants, et un bail à la Smoothie King Arena qui expire en 2024. Autant dire que les planètes sont alignées pour un déménagement. Seattle, ancienne terre des Sonics, n’attend qu’un signal pour rallumer les projecteurs. La nostalgie est intacte, la salle est prête, l’amour du jeu n’a jamais disparu.
Seattle, Vegas, Mexico : le casting est ouvert
Si Seattle apparaît comme la favorite naturelle, elle n’est pas seule sur les rangs. Las Vegas a déjà fait ses preuves avec les Raiders en NFL, les Golden Knights en NHL et désormais les Aces en WNBA. Ville de spectacle par excellence, Vegas coche toutes les cases : marché en croissance, engouement populaire, infrastructures prêtes à l’emploi.
Mais la NBA voit plus loin. Mexico City, avec ses 22 millions d’habitants et son appétit pour le basket, intrigue. Nashville, en pleine explosion démographique, fait également partie des outsiders sérieux.
Reste une question : vaut-il mieux relocaliser une équipe existante ou en créer une nouvelle ? Pour Simmons et d’autres analystes, déplacer une franchise a le mérite de préserver le gâteau télévisuel actuel. Ajouter des équipes, c’est diluer les revenus. Et en 2025, chaque dollar compte.
New Orleans, la fin d’un cycle ?
Sur le papier, les Pelicans ne sont pas les plus mauvais élèves. Environ 17 100 spectateurs de moyenne à domicile la saison dernière, une 22e place sur 30. Pas glorieux, mais pas honteux non plus. Le problème est ailleurs : pas de véritable passion locale, pas d’identité forte, et un désintérêt palpable en dehors des périodes fastes.
Quand Zion Williamson ne joue pas, l’attention chute. Quand il joue… elle ne remonte pas tant que ça. Les fondations sont fragiles. Et dans une ligue où chaque franchise doit non seulement exister, mais rayonner, l’ordinaire ne suffit plus. À La Nouvelle-Orléans, la NBA ne brille pas, elle survit.
Vers une NBA plus stratégique que spectaculaire
Alors oui, l’expansion viendra. À un moment. C’est inévitable. Mais elle ne viendra pas au nom du romantisme ou de la nostalgie. Elle viendra quand les conditions économiques, technologiques et médiatiques seront mûres. Quand la NBA pourra garantir que chaque match d’une franchise à Seattle, Vegas ou Mexico sera accessible, rentable, et bien marketé.
En attendant, la ligue observe, ajuste, affine. Et s’il faut bouger des pièces sur l’échiquier pour relancer la partie, elle n’hésitera pas. L’histoire des Sonics le prouve : dans le business du basket, les sentiments ont souvent une date de péremption.
Crédit photo : USA TODAY Sports
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