Jonathan Kuminga : Un été d’incertitudes pour le prodige congolais
À Kinshasa, on avait dressé les tambours. L’AfroBasket 2025 approchait, et tous les regards convergeaient vers un nom : Jonathan Kuminga. Le diamant brut, façonné en NBA, devait enfin briller aux couleurs de la RDC. Sauf que, parfois, la réalité a le goût amer des clauses contractuelles.
Aujourd’hui, à deux semaines du coup d’envoi, Kuminga est plus proche d’une salle d’entraînement californienne que du parquet brûlant de Luanda. En coulisses, les discussions patinent, les papiers ne se signent pas, et le Congo retient son souffle.
Un marché des transferts qui s’éternise
Tout devait aller vite. Dès le 1er juillet, la free agency ouvrait ses portes. Les insiders NBA promettaient un été chaud pour Kuminga. Entre les Golden State Warriors qui hésitent à lui offrir un rôle élargi, et les Sacramento Kings qui lui font la cour sans casser la tirelire, le jeune ailier de 22 ans se retrouve dans une impasse.
Pas de contrat signé, pas d’assurance. Et sans assurance, impossible de jouer sous les couleurs nationales. Un blocage administratif, certes, mais qui a des allures de coup de poignard pour une nation qui rêve de basket au plus haut niveau.
Un coup dur pour la RDC
Le coach français Michel Perrin avait pourtant tout misé sur Kuminga. Une pré-sélection musclée, avec Mudiay à la mène, Eyenga en vétéran galvaniseur et Tshiebwe en tour de contrôle dans la peinture. L’effectif commençait à avoir de l’allure, avec ce mélange d’expérience, de jeunesse et de puissance.
Mais voilà, sans Kuminga, c’est un pan entier du plan qui s’écroule. Lui, c’était l’accélérateur. Le joueur capable de prendre feu en quelques minutes, de faire basculer un match par un dunk, un contre, une interception. C’était plus qu’un joueur : c’était un symbole.
Un engagement au-delà du terrain
Ce n’est pas un hasard si Jonathan Kuminga avait répondu présent lors des éliminatoires pour la Coupe du monde 2023. Il n’y était pas obligé. Il l’a fait parce qu’il y croit. À ce projet. À cette équipe. À ce pays.
À l’époque, il balançait 17,7 points de moyenne, 5,3 rebonds et une détermination sans filtre : « Je veux que le Congo devienne une puissance du basket africain. Ça prendra du temps, mais on va y arriver. » C’était cru, c’était sincère. Et c’était la promesse d’un futur à bâtir, ensemble.
Des chiffres qui pèsent lourd
Sur le terrain, Kuminga est tout sauf un rôle secondaire. À Golden State, malgré une hiérarchie serrée, il a su s’imposer, match après match. La saison dernière ? 16,1 points, 4,8 rebonds, 52% au tir. Et surtout : une montée en puissance évidente.
Il a gagné en lecture de jeu, en impact défensif, en régularité. Fini le joueur athlétique mais fougueux. Place à un basketteur plus complet, plus mature, capable d’alterner entre poste 3 et 4 selon les besoins. En NBA, on appelle ça un two-way forward. À Kinshasa, on appelle ça une bénédiction.
Et maintenant ?
C’est la question que tout le monde se pose. Le temps presse, le Congo attend, l’AfroBasket se rapproche. Pour l’instant, rien ne bouge. Les négociations se poursuivent, les agents discutent, les franchises calculent.
Mais une chose est sûre : Kuminga ne veut pas tourner le dos à son pays d’origine. Il l’a dit, il le répète, il le prouve chaque fois qu’il enfile ce maillot, et ce, avec fierté !
Alors peut-être qu’il ne sera pas là en août. Peut-être qu’il manquera cette campagne. Mais ce n’est que partie remise. Car Jonathan Kuminga n’a pas fini d’écrire son histoire avec la RDC. Et à Kinshasa, on le sait : les vraies légendes prennent parfois un détour avant de revenir là où tout a commencé.
Crédit photo : Eakin Howard-Imagn Images
Laisser un commentaire