Utah Jazz : par ici la jeunesse, exit les illusions
Dans les Rocheuses, fini les demi-mesures. Fini les retouches cosmétiques et les vétérans de passage venus gratter leurs dernières minutes avant le chèque suivant. Le Jazz de l’Utah a fait son choix : on rase tout, on élève des jeunes, et on bâtit quelque chose de vrai. Enfin.
Le message venu de Salt Lake City est clair comme l’altitude : on ne joue plus la gagne à court terme, on joue la vision. Et même si la route promet d’être longue, bosselée, parfois cruelle, le front office a tranché. Mieux vaut perdre avec des rookies que gagner sans avenir.
Changer de direction, changer d’ère
L’un des décideurs de la maison l’a dit à Keith Smith (Spotrac), sans filtre : “On ne voulait plus voir des vétérans courir après un contrat pendant que nos jeunes chauffent le banc.” Voilà. Cash. Comme une claquette-dunk de Walker Kessler dans le trafic.
C’est un changement de paradigme. Utah ne veut plus être ce no man’s land de la NBA, cette franchise sympathique mais oubliable, qui gratte une huitième place pour se faire sortir au premier tour. Non. L’idée, aujourd’hui, c’est de poser les fondations d’un vrai projet. Durable. Ambitieux. Et ça commence par une refonte totale de l’effectif.
Une lessive estivale sans pitié
John Collins ? Parti. Kelly Olynyk ? Merci pour le service. Jordan Clarkson ? Rideau. Collin Sexton ? Direction l’aéroport. L’Utah a vidé la maison. Pas par caprice. Par stratégie.
Ces départs, ce ne sont pas des sacrifices. Ce sont des choix lucides. Car aucun de ces noms ne représentait le futur du Jazz. Et tant pis pour le côté “présence vétérane dans le vestiaire”. Ici, on veut du terrain, pas des discours.
Danny Ainge, génie du dynamitage à Boston il y a quelques années, applique une recette familière : repartir de zéro, collectionner les assets, miser sur les jeunes à potentiel élevé, et laisser le temps faire son œuvre. Résultat ? Un roster jeune, brut, parfois naïf… mais affamé.
Une jeunesse qui n’a pas le temps d’attendre
L’Utah ne manque pas de promesses. Walker Kessler, révélation défensive sous-estimée. Taylor Hendricks, encore vert mais bourré de qualités. Keyonte George, capable d’allumer à trois points sans demander la permission. Et bien sûr, l’arrivée du phénomène Ace Bailey, projeté comme futur visage de la franchise.
Ce noyau, il est jeune, fougueux, un peu brut. Mais il a ce que l’ancien Utah n’avait plus : de la fraîcheur, de l’ambition, et une vraie marge de progression. Ça va perdre des matchs. Parfois lourdement. Mais ça va aussi grandir, apprendre, forger un vrai groupe. Et ça, c’est peut-être plus excitant qu’une huitième place sans lendemain.
Le prix de la patience
Parier sur la jeunesse, c’est accepter l’inconstance. Des runs enthousiasmants suivis de trous d’air abyssaux. Des turnovers à gogo, des séquences défensives mal fermées, des shoots trop rapides. Mais c’est aussi miser sur l’avenir, sur la montée en puissance, sur les coups d’éclat inattendus.
Ce pari-là, le Jazz l’a déjà tenté. On se souvient des années Hayward, puis Mitchell-Gobert. De ces constructions intelligentes, calibrées, mais jamais assez explosives pour passer le cap. Aujourd’hui, la franchise change d’angle : on ne cherche plus la régularité, on cherche le jackpot. Et parfois, pour viser plus haut, il faut repartir de plus bas.
Un nouveau visage pour une nouvelle ère
Le Utah Jazz 2025 ne sera pas l’équipe la plus médiatisée. Pas celle qu’on regarde tous les soirs sur League Pass. Mais c’est une équipe qui intrigue. Qui se cherche. Qui tente. Et dans une NBA parfois aseptisée, ça fait du bien.
Les fans devront être patients. Très patients. Mais ils auront droit à un vrai projet. Pas une course à la dixième place, pas une star mal entourée. Un plan, un cap, une culture.
Le Jazz a décidé de ne plus faire semblant. Place aux jeunes, à l’audace, à l’identité retrouvée.
Et si ça paye dans deux, trois ou quatre ans… personne n’osera dire qu’ils ont eu tort.
Crédit : Brad Penner-Imagn Images
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