Thomas Frank sous pression après la défaite de Tottenham contre Nottingham Forest
Il y a des soirs où tout bascule. Des matchs qui ne sont pas seulement des défaites, mais des avertissements. Dimanche, au City Ground, Tottenham n’a pas seulement perdu 3-0 contre Nottingham Forest. Les Spurs ont livré une prestation vide, sans âme, qui a brutalement remis Thomas Frank face à la réalité de son nouveau costume. Celui d’un entraîneur attendu, observé, déjà questionné.
À Londres nord, la patience est une ressource rare. Et elle fond vite quand le score s’alourdit.
Une claque sans réponse
Le scénario avait pourtant tout du piège classique. Un déplacement compliqué, une équipe de Forest agressive, portée par son public. Mais ce qui s’est passé dépasse la simple contre-performance. Callum Hudson-Odoi a planté deux banderilles juste avant la pause, profitant d’une défense passive, presque absente. Puis Ibrahim Sangaré a enfoncé le clou d’une frappe sublime à la 79e minute, comme pour souligner l’écart de niveau affiché ce soir-là.
Tottenham, lui, a regardé passer le train. Un seul tir cadré. Zéro révolte. Zéro continuité. À l’arrivée, 22 points en 16 journées. Le plus faible total du club à ce stade depuis la saison 2008-09. Une stat qui pique, et qui ne laisse personne indifférent.
Une identité offensive en panne
Ce qui inquiète le plus, ce n’est pas seulement la défaite. C’est la manière. Sous Frank, les Spurs avaient au moins une certitude cette saison: à l’extérieur, ils marquaient toujours. Avant Forest, ils étaient la seule équipe de Premier League dans ce cas. Une série propre, rassurante, presque identitaire.
Elle s’est évaporée en 90 minutes. Tottenham n’a quasiment rien produit. Peu de mouvements, peu de prises de risque, peu de justesse. Une stérilité offensive qu’on n’avait vue que deux fois depuis 2022-23. Contre Crystal Palace en octobre 2023. Contre Aston Villa en mai 2025. Pas vraiment des références glorieuses.
Frank face à la tempête
En conférence de presse, Thomas Frank n’a pas fui. Il n’a pas esquivé non plus. Le Danois sait que le vent souffle fort. Il parle de temps, encore et toujours. De patience. De construction.
« Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le temps », lâche-t-il, droit dans ses bottes. « Sans temps, personne ne peut inverser la tendance. » Puis cette phrase, presque intime, qui en dit long: « Je fais tout pour gérer mes émotions, qui sont comme un ouragan en moi. »
On sent l’homme touché, mais pas résigné. Lucide aussi. « La performance d’aujourd’hui était vraiment mauvaise », reconnaît-il sans détour. À Tottenham, ce genre d’honnêteté est apprécié. Mais elle ne suffit pas toujours à calmer la colère.
Le poids des attentes
Car le problème, au fond, n’est pas seulement comptable. Il est structurel. Tottenham alterne. Une bonne prestation, puis une chute brutale. Des séquences prometteuses, suivies de trous d’air inquiétants. Cette inconstance est devenue le vrai poison de la saison.
Frank demande du temps pour corriger ça. Pour installer ses principes. Pour stabiliser son groupe. Le discours est logique. Mais il se heurte à une réalité bien connue: les Spurs ne sont qu’à six points de Chelsea, quatrième. L’Europe est encore jouable. Et quand l’objectif est à portée, l’excuse du temps devient moins audible.
Un tournant déjà décisif
Personne ne parle encore de crise ouverte. Mais la fissure est là. Les supporters s’interrogent. La direction observe. Les prochains matchs pèseront lourd. Très lourd.
Thomas Frank le sait mieux que personne. Il est venu à Tottenham pour franchir un cap, pas pour survivre. Dimanche, à Nottingham, son projet a pris l’eau. Reste à savoir s’il saura colmater la brèche avant que la pression ne devienne insupportable.
À Londres, le football va vite. Et le temps, justement, n’attend jamais.


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