Objectif Turin : Musetti vise le sommet sans se brûler les ailes
Il y avait de la lumière dans son regard. Pas celle d’un joueur qui rêve encore, mais celle d’un gars qui sait qu’il y est presque. Lorenzo Musetti s’est présenté en conférence de presse à Toronto avec une sérénité nouvelle, presque déroutante. À 23 ans, le jeune Italien ne fait plus de bruit pour rien : il grimpe, match après match, sans tapage, mais avec une ambition très claire.
« Mon but principal, c’est le Masters de Turin », a-t-il lâché sans détour, entre deux sourires discrets. Pas de grande déclaration, pas de surenchère. Juste un objectif simple, mais colossal.
Le goût du concret, pas du fantasme
Actuel 6e de la Race, Musetti ne parle pas dans le vide. Ce n’est pas une promesse en l’air. C’est un plan. Un cap. Et pour y parvenir, le natif de Carrare mise sur une stratégie aussi italienne que sa gestuelle sur le court : sobriété, élégance, efficacité. « Je ne veux pas me mettre trop de pression », dit-il. Loin du cliché du jeune loup prêt à tout bousculer, Lorenzo avance à pas sûrs, en mode artisan du Top 10.
Toronto, Cincinnati, US Open : la tournée américaine n’est pas une simple parenthèse estivale. C’est le cœur du chantier. Là où tout peut basculer. Là où les points pleuvent… ou s’échappent.

Un tennis qui s’installe, enfin
Si Musetti est aujourd’hui l’un des noms qui comptent sur le circuit, ce n’est pas un hasard. En 2025, il a passé un cap. Fini les coups d’éclat isolés, les breaks brillants suivis de trous d’air. Place à la constance, à la gestion du tempo, à une maturité tactique qui fait plaisir à voir.
« Mon objectif, c’est de rester le plus constant possible, d’accumuler des points », détaille-t-il. Et cette phrase, dans la bouche de n’importe qui d’autre, serait banale. Mais chez lui, elle sonne vrai. Parce que derrière ses revers slicés et ses montées au filet, il y a un mental qui s’affûte. Un joueur qui ne veut plus simplement exister. Il veut marquer.
La promesse d’un futur maître
Quand on pense à l’Italie du tennis, on pense à Sinner, bien sûr. Mais Musetti, lui, joue une autre partition. Plus lyrique. Moins brute. Et tout aussi prometteuse. Ce qui frappe aujourd’hui, c’est sa capacité à allier panache et efficacité. À mêler le feu et la glace.
Ses progrès en 2025 parlent pour lui. Plus incisif au service. Plus solide en revers. Mieux dans ses choix. Et surtout, plus lucide. On le sent déterminé, mais pas pressé. Comme s’il avait enfin compris que le chemin valait autant que la destination.
Turin dans la ligne de mire
Le Masters, chez lui, devant son public, ce serait une consécration. Mais Musetti ne veut pas sauter d’étape. Il sait que chaque point comptera. Chaque match, chaque tie-break, chaque coup droit décroisé au bon moment. Il ne veut pas rêver Turin. Il veut y aller, les yeux ouverts.
Alors oui, il y a encore des géants sur sa route. Les Alcaraz, les Medvedev, les Sinner. Mais Musetti, lui, construit. Il ne cherche pas l’éclat. Il cherche la place. Sa place.
Et si la fin de saison tient toutes ses promesses, elle pourrait bien s’écrire en bleu azur sur le sol turinois. Le rendez-vous est pris. Reste à y arriver avec les bonnes armes, au bon moment.
Un calme qui cache un feu
Lorenzo Musetti ne fait pas de bruit. Il ne court pas après les caméras. Mais il avance, jour après jour, avec une intensité rare. Et quand il parle de Turin, ce n’est pas pour faire plaisir aux journalistes. C’est parce qu’il y croit. Vraiment.
Ce n’est peut-être pas encore son heure. Mais elle approche. Et quand elle sonnera, il sera prêt. Parce qu’il aura bossé, enduré, appris. Parce qu’il aura visé juste. Comme toujours.
La balle est dans son camp. Et pour une fois, elle ne demande qu’à rouler vers un futur écrit en lettres capitales.
Crédit photo : Antoine Couvercelle / FFT
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