Shanghai : la nuit où deux cousins ont tout chamboulé
Quand l’arène de Shanghai vibrait dimanche soir, ce n’était pas seulement les raquettes qui chantaient. C’était une histoire, peut-être une de celles dont on se souvient. Deux hommes, liés par le sang, par l’histoire, qui se retrouvaient face à face pour un combat qu’aucun scénario ne semblait avoir prévu.
Valentin Vacherot, 26 ans, classé 204ème mondial, issu des qualifications, s’est hissé jusqu’à la finale du Masters 1000 de Shanghai. Il y affronte Arthur Rinderknech, son cousin français, un adversaire qu’il connaît depuis l’enfance, qu’il côtoie dans les trajets, les rêves et les entraînements. Le score final ? 4-6, 6-3, 6-3 en faveur de Vacherot. Une remontée, une victoire spectaculairement improbable.
Dans ce monde de chiffres, de statistiques, on retiendra qu’il est devenu le joueur le moins bien classé à remporter un Masters 1000 depuis l’avènement du circuit (depuis 1990).
Et qu’il est le premier Monégasque à décrocher un titre en simple sur le circuit principal.
Mais si l’on revient aux gestes, aux instants, aux regards, c’est là que la finale se raconte autrement.
VACHEROT CHAMPION À SHANGHAI 🏆
Valentin Vacherot s’impose contre Arthur Rinderknech en finale (4-6, 6-3, 6-3) et décroche le premier titre de sa carrière à 26 ans. 🤯🇲🇨
204e mondial, il devient le champion le moins bien classé de l’histoire en Masters 1000. 😱 pic.twitter.com/K1LY4a3hxU
— Univers Tennis 🎾 (@UniversTennis) October 12, 2025
Un premier set perdu, puis la mue
Rinderknech entre dans le match calmement, tendu mais maître de son service. Il lit la partition : la ligne de fond, le contre, le jeu de jambe. Il remporte le premier set 6-4, et le public se dit que le scénario, celui d’un Français favori face à l’outsider, pourrait s’imposer.
Mais Vacherot ne rentre pas dans ce cadre. Il ne s’effondre pas. Il change d’angle, accélère le jeu. Le 2ᵉ set est une bataille. Le Monégasque trouve la faille, s’accroche. Il met sa lourde frappe dans la balance et profite des moments où Rinderknech vacille.
Le troisième set : il y a cette rupture, cette cassure d’énergie. Rinderknech, gêné par des douleurs, fait venir le kiné en cours de set.
Mais la machine Vacherot est lancée, inexorable. Il conclut sur un coup droit gagnant. Il se tient la tête, le souffle coupé. Il vient de changer le décor.
Au-delà du résultat : ce que cette finale raconte
Cette confrontation n’est pas seulement une victoire improbable, c’est un feuilleton familial, presque intime. Ces deux-là ont grandi ensemble, se sont croisés sur les courts, se sont poussés l’un l’autre, ont partagé les heures de chaleur, les défaites, les doutes.
À la cérémonie, les émotions ont débordé. Rinderknech, obligé de quitter le podium à cause de crampes, est allé s’asseoir derrière, incapable de suivre tout le fil des discours.
Il adresse à Valentin, la voix tremblante : « Deux cousins sont plus forts qu’un », « tu as gagné aujourd’hui ».
Et Vacherot, la gorge nouée, remercie celui qu’il a tant vu comme un modèle, un compagnon de route.
Mais au-delà de la famille, c’est le tennis qui sort grandi. Un joueur sorti des qualifications, sans statut, capable de battre Holger Rune, Novak Djokovic, puis le cousin au sommet de son art, tout cela redéfinit les possibles.
Ce genre de week-end, quand le sport emporte tout sur son passage, on n’en voit pas souvent, ça secoue les certitudes, ça donne le vertige. Et ça rappelle pourquoi on regarde le tennis : pour le récit, pour les âmes, pour les surprises.
Épilogue : au-delà de Shanghai
Valentin Vacherot repart de Shanghai avec un titre qu’on qualifiera peut-être de miracle, une vraie rampe vers le sommet, et un bond de 164 places au classement ATP, jusqu’à la 40ᵉ position.
Arthur Rinderknech, quant à lui, sort grandi de cette finale, et riche de cette histoire qu’il n’oubliera pas.
Dimanche dernier, c’était plus qu’un match. C’était une remise en cause des hiérarchies, une célébration du rêve, une étreinte entre deux cousins sur une scène qu’ils n’avaient même pas osé imaginer ensemble. Et dans les vestiges de ce duel, je crois que le public a gagné aussi.
Crédit photo : Getty Images
Laisser un commentaire