Deux Françaises dans la All-Rookie Team : la WNBA vient de prendre une couleur tricolore
La WNBA a publié sa All-Rookie Team 2025 et, là où certains voient une routine annuelle, d’autres lisent un signal : deux joueuses nées en France (Dominique Malonga et Janelle Salaün) figurent dans le cinq des étoiles montantes. Ce n’est pas un simple trophée de passage. C’est la preuve que le chemin menant du championnat français aux parquets les plus exigeants du monde n’est plus une curiosité, c’est devenu une trajectoire crédible.
Dominique Malonga : la patience qui explose
Dominique Malonga est arrivée au Storm avec une étiquette lourde : deuxième choix de la Draft, promesse écrite en gros. Sa première partie de saison n’a pas pris la forme d’un feu d’artifice instantané. Banc, minutes éparses, attente. Puis la bascule. Quand on lui a donné la clé, elle n’a pas cherché à la polir, elle l’a utilisée. Ses chiffres réguliers (autour de 7.6 à 7.7 points et 4.7 rebonds sur la saison régulière) ne racontent qu’un morceau de l’histoire. En playoffs, elle a monté d’un cran, trouvant des positions, mordant sur les rebonds et laissant sentir qu’elle avait bien plus à offrir que ses moyennes.
Ce qui frappe chez Malonga, ce n’est pas seulement l’instinct. C’est la manière dont elle transforme l’attente en rage douce : jouer sans panique, franchir les lignes adverses sans démolir le rythme de son équipe, coller au vrai travail de rookie affirmé, prendre ce qu’on lui donne et en faire une menace durable. Pour une franchise qui voulait de la fraîcheur et de la fiabilité, elle est devenue la réponse.
Janelle Salaün : la nonchalance qui pèse
Janelle Salaün, elle, est entrée dans la ligue sans fanfare. Undrafted, elle a rejoint les Valkyries via un training camp et a rapidement imposé sa présence. Résultat : 11.3 points et 5.1 rebonds de moyenne, 36% à trois-points et une capacité à enchaîner les soirées à double-chiffre, des chiffres qui traduisent une réalité simple : elle n’est pas venue pour apprendre, elle est venue pour jouer.
Salaün illustre un profil moderne : grande, fluide, capable d’étirer le jeu tout en s’impliquant au rebond. Elle a aidé une équipe d’expansion à atteindre les playoffs, et sa coach Natalie Nakase n’a pas caché sa surprise enthousiaste, pas parce que la surprise venait du rendement brut, mais parce que la jeune Française a affiché une maturité rare, une tête froide et un état d’esprit de compétitrice.
Pourquoi c’est historique
La présence simultanée de Malonga et Salaün sur la All-Rookie Team n’est pas une anecdote de calendrier. C’est la première fois que deux joueuses nées en France sont distinguées ainsi, et ça change un récit. Pendant des années, la route vers la WNBA passait par les États-Unis (universités, visibilité, réseaux). Aujourd’hui, des parcours différents aboutissent au même constat : le basket français forme des talentueses capables de s’imposer directement.
Il ne s’agit pas de minorer d’autres parcours franco-américains. Bria Hartley, souvent évoquée dans les conversations francophones, a des attaches françaises par filiation mais a grandi et été formée aux États-Unis. Ce qu’ont accompli Malonga et Salaün, c’est ramener la France au centre du plateau, comme lieu de naissance et de formation d’un talent prêt à briller en WNBA.
Un effet levier pour la nouvelle génération
À l’échelle d’un pays, ces nominations font office de passerelle. Elles transforment des rêves lointains en trajectoires visibles : clubs de jeunes, centres de formation, agents et entraîneurs pourront désormais pointer des exemples concrets. Et pour chaque gamine qui dribble sur un playground à Paris, Lyon ou Bourges, la route vers la WNBA perd un peu de son mystère.
Côté franchises, c’est aussi un message : il faut regarder plus loin et diversifier les sources de recrutement. Les Valkyries et le Storm ont goûté à la jeunesse française et, manifestement, ils ont aimé ce qu’ils ont vu.
Et maintenant ?
Ce trophée n’est pas une destination. Pour Malonga et Salaün, c’est un nouveau départ. On attend maintenant la suite : confirmation, montée en charge, blessures évitées, adaptation à la longue saison WNBA. La ligue, elle, se contente d’ajouter deux noms français à sa liste de promesses tenues. Pour le basketball tricolore, c’est une belle soirée à célébrer, puis un lundi matin pour recommencer à travailler.
Laisser un commentaire