Sinner écrit sa légende à Wimbledon
LONDRES – À 23 ans, Jannik Sinner a marqué l’histoire en lettres majuscules. Ce dimanche, le jeune prodige transalpin a dompté Carlos Alcaraz en quatre sets (4-6, 6-4, 6-4, 6-4) pour devenir le tout premier italien à soulever le trophée à Wimbledon. Un triomphe de prestige face à son grand rival, sur le plus mythique des courts. Un exploit historique, mais aussi profondément personnel. Car derrière ce sacre, il y a un joueur revenu de loin, déterminé à faire taire les doutes après une saison perturbée. Calme, précis, revanchard : sur le gazon du Centre Court, Sinner a livré bien plus qu’un match. Il a signé un acte fondateur.
Un triomphe forgé dans l’adversité
Le début d’année avait pourtant bien commencé avec un sacre à l’Open d’Australie. Puis la saison s’est brusquement arrêtée en mars. Contrôlé positif au clostébol, un stéroïde interdit, Sinner a été suspendu trois mois par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Il a plaidé la contamination involontaire —– une pommade utilisée pendant une séance de soins. Si la version a convaincu les instances, le mal était fait : image écornée, rythme brisé, et retour à zéro au printemps.
Mais il n’a jamais fui. En mai, Sinner reprend la compétition sans mot d’excuse ni tentative de justification. Il s’impose à Halle, puis enchaîne avec un Wimbledon maîtrisé de bout en bout. Sa victoire autoritaire contre Djokovic en demi-finale avait déjà marqué les esprits. Celle contre Alcaraz, cinq semaines après avoir gâché trois balles de match face à l’Espagnol en finale de Roland-Garros, achève de rappeler qu’il a franchi un cap.
Une victoire avant tout mentale
« C’est beaucoup d’émotion, même si je ne le montre pas trop », confiait-il après le match, regard ailleurs, voix posée. « Seules les personnes autour de moi savent vraiment ce qu’on a traversé. » Pas de larmes, pas de démonstration : Sinner a accueilli ce triomphe avec une sobriété à son image.
Son entraîneur, Darren Cahill, n’a pas tari d’éloges. « Il est revenu ici sans traîner de valise émotionnelle. Ce n’est pas facile. On peut tous dire qu’il faut passer à autre chose, mais lui, il l’a fait. »
Paris, point de bascule
La finale de Roland-Garros, perdue en cinq sets après avoir mené, aurait pu le briser. Elle l’a plutôt servi. « Perdre comme ça, c’est presque mieux que de prendre une raclée », glissait-il. « J’ai travaillé plus dur, plus juste. Je savais que Wimbledon arrivait, je n’avais pas le luxe de ruminer. »
La cicatrice a nourri son exigence. Il est revenu avec plus d’intensité, un service plus précis, un revers plus stable. À Londres, il a gagné en patron, sans jamais paniquer, même quand Alcaraz haussait le ton.
L’homme fort du tennis italien
Ce titre à Wimbledon est bien plus qu’un trophée : il consacre l’évolution d’un joueur longtemps vu comme un talent prometteur mais inconstant. Il devient, à 23 ans, une figure majeure du circuit. Quatre titres du Grand Chelem, une place de numéro un mondial, une maîtrise des grands rendez-vous, et désormais un Wimbledon gravé à son palmarès.
Sinner incarne une nouvelle génération, plus discrète, plus méthodique, mais tout aussi ambitieuse. Et après avoir surmonté les tempêtes, il semble aujourd’hui prêt à régner. Le tennis italien tient son héros, et le tennis mondial, un champion taillé pour durer.
—– —– – —– —–


Laisser un commentaire